Chapitre 3

 

 Le Mistral

Fred était ravie de pouvoir respirer l’air frais de la liberté. Elle allait se promener dans le quartier du Mistral où elle croisait pour la première fois qu’elle était là, les habitants du quartier. Elle rentra au bar du Mistral commanda de l’eau à la menthe.

-        C’est la première fois que vous venez ici ? je ne vous ai jamais vue avant

-        Je viens d’arriver, il n’y a pas très longtemps

-        Moi, c’est Mélanie et vous

-        Je m’appelle Freddie

-        Et  sans indiscrétion, je peux vous demander quelque chose

-        Oui, allez-y !

-        Je ne sais pas si vous êtes au courant mais Luna a disparu, est-ce que vous la connaissez ?

-        Oui !…

-        Et vous ne savez pas, où on peut la trouver ?

-        Pourquoi cette question ? je viens d’arriver, je suis nouvelle dans le quartier

-        Non ! c’est stupide de ma part, excusez-moi !

-        Ce n’est pas grave

-        Pourquoi, tu viens l’embêter avec tes questions, elle ne peut pas savoir, peut-être qu’elle ne la connaît pas

-        Oui mais j’ai un doute, je pense le contraire

-        Bon ! tu ne vas pas t’y mettre Mélanie, elle ne la connaît pas

-        Je suis Roland, le patron du bar, enchanté Mademoiselle

-        Bonjour 

-        Il ne faut pas l’écouter, elle est un peu dérangée en ce moment

-        Dites, ça vous dit de jouer à la pétanque cet après-midi avec moi

-        J’adore ça la pétanque, et ça vous arrive de jouer à ça ?

-        De temps en temps mais je ne suis pas très forte

-        Ca ne fait rien, on fera des équipes

Roland, Thomas, Barbara et Fred jouent ensemble et c’est un vrai délice. Cet après-midi ce fut un vrai bonheur pour Fred. Mélanie assure le service au bar. De toute façon, elle ne veut pas jouer. Elle a un mauvais pressentiment vis-à-vis de Fred.

Pendant ce temps là, Luna travaille à la boutique avec Charlotte. Le soir descend petit à petit et Fred n’est toujours par rentrée.

-        Je suis un peu inquiète, elle ne revient plus

-        Détends-toi Luna, elle va revenir

-        Au début de l’après-midi, ça s’est plutôt mal passé entre nous, on s’est disputées

-        Elle te reproche quoi ?

-        De l’avoir cachée.

-        Mais c’est normal, Luna

-        Je ne sais pas mais elle n’était pas dans son état habituel, elle était comme déchainée, je ne l’ai jamais vue comme ça. Cela m’a rendue tellement triste

-        Tu sais, j’ai l’impression que tu joues un peu sa maman, je me trompe peut-être…

-        J’ai l’impression qu’elle n’a plus ses parents alors, je me sens un peu responsable

-        Mais tu n’as pas à te sentir responsable d’elle, Fred est majeure !

-        Oui, elle a une trentaine d’années et elle est trisomique

-        Cool Luna ! 

-        Elle a l’air de savoir se débrouiller ! tu sais, Si je peux te donner un avis laisse-la vivre

-        Je sais qu’elle peut se débrouiller sans moi et c’est pour ça que je me sens un peu soulagée mais pas complètement

-        Essaye de te décontracter Luna

Blanche avait écouté la conversation sans se faire remarquer. Elle rentre à la boutique :

-        Bonjour les filles !

-        Bonjour Blanche

-        Luna, ça me fait plaisir de te voir ! on ne fait que de parler de toi dans le quartier et ça commence fort à m’agacer ! Que se passe-t-il exactement ?

-        Ce n’est pas ce que tu crois, Luna ne se drogue plus 

-        Oui, j’ai rencontré quelqu’un assez extraordinaire

-        Explique-toi, je n’y comprends rien

-        Voilà, j’ai rencontré une personne trisomique et cela m’a chamboulée ! je ne peux plus m’en séparer, c’est plus fort que moi

-        Elle n’est toujours pas rentrée !

-        Pas de panique, tu n’as rien fait de mal, tu l’as juste prise en amitié

-        Oui ! c’est ça exactement !

Luna explique à Blanche et à Charlotte  comment elle a pris Fred en amitié.

-        Luna, je crois qu’il y a quelqu’un pour toi

-        Ca s’est bien passé ta journée Fred ?

-        Oui, je me suis fait des amis, on a joué à la pétanque toute l’après-midi et demain on remet ça ! cool non !

-        Ça a l’air de te plaire le quartier alors !

-        Oui, ils sont cool les gens ici !

-        J’étais un peu inquiète mais Charlotte et Blanche m’ont remonté le moral !

-        Tu n’as pas l’air d’être bien Luna

-        Si… Si… tout va bien

-        A demain Blanche

Charlotte ferme la boutique et toutes les trois montent au premier étage et c’est là où on peut manger et dormir.

-        Luna, dis-moi ce que tu as ?

-        Je suis fatiguée

-        Fred, laisse là, viens avec moi, on va discuter ensemble si tu le veux bien

-        Qu’est-ce qu’elle a ?

-        Ce n’est rien de très important, rassure-toi

-        Elle est contrariée

-        Ce n’est pas ça, viens, je vais t’expliquer

Luna se sent tout à coup soulagée de la présence de Charlotte.   Elle est épuisée c’est tout parce qu’elle s’est donné à fond ces jours-ci pour affronter la vie avec Fred. Pour elle, c’est sûr, la cacher, ce n’était pas une bonne solution. Elle découvrait au fond de son cœur une grande amitié. Elle trouvait chez elle comme une grande force et cela l’a réconfortée, l’a rassurée au fond d’elle-même. Dans son lit, Luna repensait à tout ce qu’elle avait vécu avec elle jusqu’à présent. Les images tournaient  dans sa tête puis elle se calma petit à petit et s’endormit profondément.

Pendant ce temps là, Charlotte discuta avec Fred.

-        Tu sais, Luna est touchée par toi. Elle a cru bien faire en te cachant, il ne faut pas que tu lui reproches ça sans arrêt…Ca lui fait mal…C’est quelqu’un de bien

-        Moi aussi, elle m’a émue… Cet après-midi quand je suis allée jouer à la pétanque, j’ai pensé à elle sans arrêt… la nuit, je fais des rêves sur elle.

-        C’est peut-être maladroit de ma part mais je suis au courant pour ton handicap

-        Luna a dû vous en parler

-        Cela l’a beaucoup bouleversée

-        Charlotte, tu en penses quoi toi ?

-        Je suis émue d’apprendre ça mais cela me touche moins que Luna

-        Pourquoi ?

-        Je pense parce que je me sens moins impliquée dans cette relation avec toi, j’ai plus du recul

-        Ma fois, c’est peut-être mieux

-        Elle représente quoi Luna pour toi, une mère ?

-        Non ! comme une grande sœur que j’aurai voulu avoir près de mon cœur. Quand je vivais avec mes parents à Paris, j’étais seule comme enfant. Mes parents ont fait beaucoup de choses pour moi dans la vie. Et puis du jour au lendemain, mes parents sont partis faire un grand voyage et je ne sais pas quand ils reviendront en France. Je devais vivre avec mon  oncle à Marseille mais j’ai appris sa disparition, il n’y a pas très longtemps. J’en ai parlé à Luna et c’est grâce à elle que je suis venue ici au Mistral. Je l’ai rencontrée dans un train et  c’est là, je crois où es née notre amitié.

-        C’est tellement émouvant comme tu racontes cette amitié avec elle, j’en suis moi-même étonnée

-        Il est presque deux heures du matin, je crois, il faut dormir.

-        Fais de beaux rêves !

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