Chapitre 54 

 

                      La Surprise

 

Le lendemain, les flics relâchèrent  Guillaume qui avait passé une nuit en garde à vue. Il retrouva son logis. Nathan était content de revoir son père et avec Juliette ils le charrièrent  tous les deux.

 

Sacha vient chercher Luna au Select pour l’accompagner au camping « Lou cigalon » de bonne heure. Ils ne font pas du bruit pour ne pas réveiller Mirta mais, manque de chance, elle est déjà debout.

 

-        Tu t’en vas ?

-        Je vais juste chercher Fred.

-        J’amène ton sac de sport et je t’attends à la voiture.

-        Tu reviens ce soir ?

-        Je ne sais pas. Il ne faut pas compter sur moi.

-        J’espère qu’elle n’a rien de grave.

-        Sacha m’attends ! j’y vais !

Arrivée au parking du camping, Luna prend son bagage et demande à Sacha s’il veut venir voir Fred mais il refuse son offre. Luna s’apprête  à parcourir le camping lorsque Sacha courre après elle :

-         Luna… Luna… attends j’ai oublié quelque chose.

-        Quoi ?

-        Je te prête la clé de ma voiture comme ça, tu pourras te promener avec Fred. Tu lui feras visiter les environs de Marseille.

-        C’est sympa mais toi comment tu vas faire pour revenir au Mistral ?

-        Il y a un car dans un quart d’heure. Ne t’inquiète pas pour moi. Tout ira bien.

-        Merci Sacha.

Luna et Sacha s’embrassent à nouveau. 

Luna cherche la tente de Fred et s’approche doucement vers elle.

-        Luna mais qu’est-ce que tu fais là ? Ca s’est une bonne surprise par contre, je ne m’a t’attendais pas  que tu vienne me rendre visite. Tu vas bien ?

-        C’est à toi qu’il faut demander ça.

-        Ca me fait trop plaisir de te voir.

Luna pose son sac et serre Fred le plus fort qu’elle peut dans ses bras.

-        Tu m’as trop manqué. J’avais besoin de te voir.

-        Moi aussi.

-        Ils ont poussé tes cheveux, on ne voit presque pas tes yeux.

-        Tu trouves que je fais un peu trop clodo ?

-        Il n’y a pas de coiffeur ici ?

-        Non !  Il faut aller en ville et à pied, ça fait loin !

En voyant Luna, Fred pleure d’émotion.

-        J’ai honte !

-        Pleure, ça fait du bien.

-        Tu sais, je vais bien !

-        Je vais t’emmener en ville, tu iras chez le coiffeur !

-        Tu es venue ici en voiture ?

-        Oui… Puis après, je t’emmène au restaurant.

-        Avant il faut que je prévienne le Directeur pour dire que cet après-midi, je ne travaille pas. Tu veux venir avec moi à la réception.

-        Oui, tu me feras visiter le camping.

-        Et  on ira au bord de la mer ensuite.

A Marseille, au centre-ville. Luna insiste pour que Fred aille chez le coiffeur.

-        Tes cheveux sont vraiment trop longs, en plus tu es mal coiffée.

-        J’aime bien ma coupe. Je ressemble au chanteur Antoine et en plus c’était un aventurier comme moi. Il a traversé la mer en  bateau. Il avait les cheveux longs et en plus à l’époque, c’était vraiment la mode.

-        Peut-être, mais lui, je suis sûre qu’on lui voyait les yeux.  Et tu sais à l’époque, les garçons aux cheveux longs étaient considérés comme des voyous.

-        Je veux ressembler à Antoine, à Renaud aussi. Ca n’a pas empêché qu’ils soient des artistes superbes.

-        Allez Fred, on ne va pas passer des heures, va chez le coiffeur.

-        Je ne sais pas. Je trouve que ça ne te ressemble pas de me commander comme ça. D’habitude, tu es plutôt cool avec moi.

-        Si tu ne vas pas chez le coiffeur, je ne t’invite pas au restaurant.

-        Tu me fais du chantage ! ce n’est pas bien ça Luna.

-        Tu as raison. Tu veux qu’on laisse tomber le coiffeur !

-        Non ! je vais y aller !

-        Tu veux que j’aille avec toi !

-        Oui, j’aimerais mieux… J’ai peur qu’on se moque de moi.

Luna et Fred entrent chez le coiffeur. Luna explique à une dame que Fred a besoin d’une coupe puis elle ressort attendre Fred dans un parc.  A la sortie du coiffeur, Fred rejoint Luna.

-        Ca te va bien les cheveux courts et en plus, ça te rajeunit.

-        Merci Luna, sans toi, je n’aurais jamais osé aller chez le coiffeur.

-        Allez viens, je t’emmène au restaurant maintenant.

-        Et après le resto, j’en suis sûre que tu vas vouloir faire les magasins.

-        Tu as deviné mes intentions.

-        Pourquoi tu t’imagines que je mange mal au camping ?

-        J’ai pensé simplement que ça te changerait d’atmosphère et que ça te ferait du bien de voir autre chose que le camping.

-        Et pourquoi, tu me ferais pas visiter Marseille au lieu qu’on fasse les magasins. Je ne connais pas la ville.

-        D’accord, on se promènera dans la ville et dans les environs. 

Après avoir visité la ville, Luna et Fred rentrent au camping le soir. 

-        Marseille, c’est une superbe ville. J’ai passé une journée magnifique dit Fred à Luna qui était ravie d’entendre un tel compliment.

-        Moi aussi. J’ai visité la ville de nouveau et je l’ai trouvée encore plus belle que d’habitude.

-        C’est peut-être parce que tu étais avec moi.

-        En tous cas, je n’ai jamais marché autant.

-        Tu as soif !

-        Oui.

-        J’ai du jus d’orange, ça te va ?

-        Oui.    

-        Tu es fatiguée ?

-        Je n’ai pas la force d’aller au Mistral après cette journée. Je peux rester dormir avec toi ?

-        La tente est grande, heureusement.

-        Elle est bizarre ta réponse.  Ca veut dire quoi ? Tu veux que je m’en aille !

-        Je plaisante !  Ca me fait plaisir que tu restes avec moi. Au fait, tu as pu reconquérir le cœur de Guillaume ?

-        Il me fait la guerre.

-        La guerre !

-        J’ai trouvé un autre mec !

-        Tu as deux mecs  à la fois !

-        La relation avec Guillaume s’est empirée !  Un autre homme est venu s’installer à l’hôtel avec son fils…

-        Tu as eu un coup de foudre pour lui !

-        Pas exactement. J’ai fait sa connaissance et il m’a toute suite plu.

-        Qu’est-ce qu’il t’a fait Guillaume exactement ?

-        On s’est disputé durement et je suis partie me réfugier dans les bras de Sacha.

-        Qui est Sacha ?

-        Mon ami qui loge au Select.

-        Tu me le présenteras !

-        Oui bien sûr.

-        On mange, j’ai faim !

-        Et qu’est-ce que tu vas nous faire de bon ?

-        Je vais te faire des pâtes et une omelette aux champignons, ça te dit ?

-        Tu vas faire cuire tout ça sur ton petit réchaud.

-        Il n’est pas aussi petit que ça !

-        On en a pour longtemps pour faire à manger.

-        Il faut beaucoup de patience pour faire la cuisine.

-        Guillaume n’a pas été trop généreux avec toi, je trouve.

-        Pourquoi dis-tu ça ?

-        Il t’a juste passé une petite poêle et une petite casserole de rien de tout.

-        Pour moi seule, ça me suffisait. Je ne savais pas que tu allais débarquer un jour au camping. Je vais improviser un repas, ne t’inquiète pas.

Fred allume le réchaud avec des allumettes.

-        Tu n’y arrives pas. Tu veux que je t’aide.

-        Tu me trouble, c’est pour ça que je n’y arrive pas.

-        Tu trembles ! laisse-moi faire !

-        Tu m’émeus  c’est pour ça que je n’arrive pas à faire à manger aujourd’hui !

Avec les moyens du bord, Fred et Luna font la cuisine puis mangent le repas.

-        Tu vois finalement, on est bien arrivées à faire à manger. Alors ça te plaît le camping ?

-        Oui, j’aime bien.

-        J’ai déjà fait du camping sauvage quand je vivais avec mes parents. Je me rappelle c’était génial. J’avais 10 ans.

-        Tu as des frères et des sœurs ?

-        J’ai un frère qui est plus âgé que moi mais maintenant, il est parti et je ne sais pas où il vit exactement.

-        Comment se nomme-t-il ?

-        Il s’appelle Luis.

-        Tu n’as pas de famille de tout.

-        J’ai une famille mais elle est un peu bizarre. On est tous éparpillés un peu partout, en France, en Italie, en Espagne et aux Etats-Unis.

-        C’est fabuleux ! tu as dû voyager beaucoup, voir du pays.

-        J’aime beaucoup l’aventure. Très jeune, je savais déjà me débrouiller. Tu sais mes parents, je ne les voyais pas aussi souvent que ça ?

-        Ah ! bon ! Et comment tu as vécu alors ?

-        Quand j’étais enfant, ma mère s’est beaucoup occupée de moi. Elle m’emmenait partout. Je suivais mes parents dans leurs spectacles de danses, de théâtre. Enfant, j’ai pratiqué la danse avec ma maman et j’ai appris mes premiers mots en faisant du théâtre avec mon père. Parfois, il me filmait avec sa caméra.

-        Tu n’allais pas à l’école ?

-        Je ne suis pas allé à la Maternelle comme les autres. Ensuite, je suis allée vivre chez mes grands-parents à Grenoble et c’est là où je suis  rentrée à l’école primaire à 7 ans. L’année de mes Huit ans, les parents de ma mère sont décédés à la suite d’un accident de voiture. Mes parents sont venus très vite à mon secours et pour m’aider dans la vie.

-        Cela t’a rendu plus fragile, j’imagine.

-        Oui et non. C’est sûr que cela m’a fait de la peine de perdre mon grand père et ma grand-mère mais mes parents ont été plus présents après. Ma mère a abandonné les routes de l’aventure. Elle donnait des cours de danse. Mon père a eu un sacré projet « filmer Grenoble dans toute sa splendeur ».  Mes premières années étaient chouettes pour moi. C’était le paradis. Je vivais avec mes parents et mon frère.

-        Et après que s’est-il passé ?

-        Je te le raconterai un peu plus tard. Je suis fatiguée maintenant. On va dormir.

Luna et Fred s’enfilent dans leurs sacs de couchage et dorment à poings fermés après cette journée merveilleuse.

-        Fredou, tu as dormis contre moi toute la nuit presque…

-        Tu exagères, je n’ai pas fait ça !

-        J’ai senti ta présence contre mon corps.

-        Je m’excuse… J’avais  besoin de sentir la chaleur humaine… Je suis gênée… Tu me troubles, c’est pour ça que ça m’est arrivé?

-        C’est normal. Tu as vécu trop seule ici ! Ne me dis pas le contraire !

-        Je me suis fait des amis, Luna.

-        J’ai du mal à te croire.

-        Ils ne sont pas là le week-end. 

-        Je pense que tu t’es fait des amis imaginaires dans ta tête.

-        Mais non !

-        Bon ! ce n’est pas grave, on ne va pas passer la journée à parler de ça.

Luna et Fred prennent leur petit déjeuner avec de la chicoré, des tartines de beurre et de la confiture.

-        Le matin, j’ai l’habitude d’aller me baigner dans la mer. Tu viens avec moi ?

-        J’ai des choses à faire.

-        Ah ! bon !

-        Rassure-toi, je vais préparer le pique-nique pour midi.

-        C’est une bonne idée. Allez, je te laisse.


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