Chapitre 59 

Marseille

 

Fred est partie du Select pour respirer l’air frais de la liberté. Elle voulait tout oublier alors elle marche dans les rues de Marseille. Elle ne se souvenait plus très bien que la ville de Marseille est immense. Elle voulait aller vers la plage du Prado mais, manque de bol, elle se retrouve au Centre Ville. Tout à coup, elle voit l’office du tourisme alors elle va demander une carte de la ville pour se repérer. Elle veut regarder la mer car cela la transporte très loin dans ses rêves. La carte ne l’aide pas pour autant. Elle achète des tickets de bus avec le peu d’argent qu’elle posséde dans sa poche de pantalon. Elle prend le tramway et regarde de magnifiques paysages mais elle se retrouve à l’autre bout de Marseille. Elle demande son chemin à des piétons. Les gens lui conseillent de prendre le métro pour retrouver le centre ville. Elle se perd davantage dans des rues qu’elle ne reconnait plus. Elle marche encore très longtemps sous un soleil torride. Elle transpire à grosses gouttes. Elle voudrait voler comme un oiseau qui se poserait sur les vagues de la mer. Elle rêve aussi de prendre un avion et de voler le plus loin possible. Elle saute en parachute et atterrit dans l’eau. Evidement cela n’est guère possible. Puis elle se met à penser à autre chose qui la fait sourire. Parfois, elle sourit comme ça bêtement toute seule. Quelques personnes la regardent comme une bête curieuse mais elle se fout complètement de leur regard. Sa bouche est sèche, elle a envie de boire pour se désaltérer mais elle n’a plus un rond pour se payer une boisson dans un bar. Elle doit continuer sa route. Elle se perd dans la foule davantage. Puis, elle arrive sur une place alors elle s’assoit sur un banc pour reprendre son souffle car elle n’en peut plus. Sur la pelouse, elle voit un petit garçon et son papa en train de jouer au foot. Il y a, un peu plus loin, une autre famille en train de piqueniquer. Il doit être midi, à peu près. Elle a mal au ventre car elle a trop marché. Elle ne se sent pas très bien alors elle s’allonge dans l’herbe à l’ombre d’un arbre. Puis elle reprend petit à petit des forces mais tout à coup, la faim frappe à son estomac, mais elle essaye de tenir le coup. Puis il voit une petite fontaine pas très loin alors elle se précipite pour aller boire et se rafraichir la tête et les membres, et cela lui fait terriblement du bien.  Elle se repose une heure ou deux avant de reprendre la marche. Dans l’après-midi, elle retrouve la mer. Elle s’assoit sur le sable et contemple la mer un long moment. Puis ensuite, elle veut rejoindre le quartier du Mistral mais à nouveau, elle se perd dans les rues. Dans sa tête, elle revoit ses parents en train de lui parler sans arrêts. Son père et sa mère lui manquent terriblement. Elle se souvient de sa jeunesse quand Fred vivait avec eux à Paris et à Grenoble aussi. Pour elle, c’était quelque chose inouï ce temps-là.  C’était le paradis, d’autant plus que son frère Luis était encore là. Il est parti pour l’Espagne à Madrid parce qu’il devait intégrer une équipe de football mais il n’avait pas coupé les ponts avec sa famille. Il revenait de temps en temps les voir lorsqu’un  jour, il décida de vivre là-bas car il avait rencontré la femme de sa vie. Pendant quelques années, Fred n’avait plus de nouvelles de lui. Tout à coup, elle se met à courir dans les rues de Marseille pour oublier son passé. Elle en a assez de repenser à tout ça. Le soleil la guette d’un mauvais œil.  Doucement, Fred ralentit le rythme et elle remarche normalement. Ses esprits sont encore ailleurs. Elle veut rejoindre ses parents à San-Francisco. Elle imagine son père en train de filmer sa mère qui dansait sur le le Golden Bridge. Fred s’imagine qu’elle avait obtenu un rôle de figurante dans des comédies musicales. Les Beatles et Cat Stevens chantaient en duo dans leurs films à suspens. Samy  (son père) filmait Six heures d’affilées. Il filmait les hippies, les gens de toutes les origines qui se promenaient dans DOLORES PARK et aussi toute la Californie sans oublier HOLLYWOOD. C’était un genre de reportage. Liz (sa mère) parlait de San-Francisco et de ses environs. Elle parlait aussi de la façon de vivre des américains. Au petit déjeuner, ils prennent des Breakfast avec des œufs et du jambon et sinon, ils mangent aussi beaucoup d’hamburgers et de frites. Les obèses sont nombreux en Amérique, c’est hallucinant.

Les parents de Fred habitent près de San-José. Fred se voyait vivre avec eux, là-bas mais à Marseille, les gens la bousculaient de temps en temps pour qu’elle revienne à la réalité. Soudain, elle se met à chanter la chanson San-Francisco de Maxime LE FORESTIER. Comme elle se souvenait plus très bien de la chanson elle invente des paroles. « Quand San-Francisco se lève à l’aurore, il me chante toutes les merveilles de cette vie étrange et belle à la fois. Quand San-Francisco se couche c’est comme un bel arc-en-ciel qui éclaire le Golden Bridge. San-Francisco m’amuse. Quand San-Francisco se brise. »

Tout à coup, elle voit juste devant elle, Mathis et ses parents. Ils lui proposent de la raccompagner pas loin du quartier du Mistral et elle accepte volontiers. Mathis est content de discuter avec elle dans la voiture. Elle marche quelques mètres mais tout son corps se met à trembler d’émotion. Son cœur bat à 100 à l’heure. Elle s’écroule par terre sur la place du Mistral.

« Fred, ça ne va pas ? »

Elle se releve difficilement et voit Nathan juste devant elle.

-        Tu veux venir chez-moi pour te reposer.

-        J’ai soif et j’ai faim et j’en peux plus.

Ils rentrent à la maison et Nathan lui offre à boire et à manger.

-        Ca te ferait plaisir de vivre avec moi.

-        Ouais pourquoi pas.

-        Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui pour que tu t’écroules par terre comme ça ?

-        Je me suis perdue dans Marseille. Un vrai labyrinthe cette ville.

-        Tu n’as pas demandé ton chemin aux gens, d’habitude, cela ne t’arrivait jamais. Mais avant tu retrouvais bien la route.

-        Je ne sais pas ce qui s’est passé exactement. J’ai passé deux, trois mois dans un camping et depuis que je suis rentré au Mistral, il n’y a pas très longtemps, j’ai perdu mes repères.

-        Tu as l’air épuisée, si tu le souhaites, tu peux dormir ici cette nuit, ça me dérange pas au contraire on sera bien tous les deux.

Tout à coup, on frappe à la porte et Nathan va ouvrir.

-        On vient chercher Fred en voiture, tu veux venir avec nous, lui propose Jonas.

-        Rentre Jonas, Fred est ici.

-        Je suis rentrée comme une grande mais j’ai galéré pour revenir. Je me suis perdue. J’ai envie que ça reste entre nous.

-        Luna a appelé sur ton portable mais elle tombait tout le temps sur ta messagerie.

-        Elle n’est pas contente après-moi.

-        Ce n’est pas ça. Elle était plutôt inquiète.

-        Désolée Nathan, je dois passer à l’hôtel, ça sera mieux pour tout le monde. Je reviendrai te faire coucou.

-        Je comprends.

Jonas et Fred arrivent au Select. Ils tombent sur Mirta et Luna qui sont en train de se disputer.

-        Bonjour.

-        Fred !

-        Tu nous as fait une belle frousse !

Sacha descend les escaliers.

-        Alors ! on va la chercher.

-        Ce n’est plus la peine. Elle vient juste d’arriver.

-        Mais que s’est-il passé ? Je t’ai appelée plusieurs fois sur ton portable mais ça ne répondait pas.

-        Mon portable ne marche plus.

-        Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ?

-        J’ai voulu aller à la plage du Prado. Je n’ai pas su le trouver. Je me suis perdue dans Marseille. J’ai marché toute la journée et je suis épuisée.

-        Bon écoute, ça ne fait rien. L’essentiel c’est que tu sois revenue.

-        C’est bon, tu peux aller dormir.

-        Ben ! qu’est-ce qu’on fait nous ?

-        On va faire la fête dehors.

-        Allez, on y va ! dit Jonas.

-        Non ! on va au lit, on dort !

 


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