Chapitre 9

 L’école de la vie

 

Luna se souvient du Brésil, de l’association « Terre d’enfants ». Ces enfants abandonnés, handicapés parce qu’ils étaient déchiqueté par la guerre. Certains n’avaient pas de jambe, pas de bras. Ils mouraient chaque jour. Ils manquaient de tout, de nourriture, d’eau, de soins. Elle aurait bien voulu faire quelque chose pour eux. Elle avait un sentiment de culpabilité. Il y avait ceux qui prenaient de l’héroïne aussi. Ils faisaient ça pour gagner de l’argent. Finalement l’association accepta son aide car elle avait monté une équipe de comédiens pour faire du théâtre. Elle joua plusieurs pièces courtes pour ces enfants, pour leur donner un peu de chaleur humaine. Puis la troupe petit à petit s’est dispersée un peu partout dans la nature. Elle repensait au Brésil tout ça parce que sur la plage, ils y avaient des personnes en difficulté. Fanny aussi l’avait émue. Elle voulait la revoir. Luna préférait ne pas la contacter pour l’instant parce qu’elle était la cousine de Fred.

-        Fred, on va sur la plage aujourd’hui

On ne va pas y aller tous les jours non plus !

-        Tu as prévu autre chose ?

-        Non ! pas spécialement !

-        Voilà, Fanny m’a donné cette carte, c’est aussi pour toi, c’est l’adresse et le numéro de téléphone du centre

-        Tu crois que je peux la contacter

-        Oui, elle sera contente

-        Bon ! écoute, je vais réfléchir !

-        Je vais faire un tour, tu pourras faire les courses

-        Oui, pas de problème

Le matin passa tranquillement. Fred fit les courses et prépara le repas du midi et du soir en même temps. Dans l’après-midi, Fred était assise sur les marches d’escaliers pas très loin du parc Borély.

-        Bonjour Fred

-        Tu vas  bien Nathan !

-        Viens, je vais te présenter mon copain

-        Je m’appelle Raphaël

-        ça te dirait d’aller au ciné avec nous

Fred accepta l’invitation de Nathan et de Raphaël. Fred n’a pas trop aimé le film mais ne dit rien. Raphaël et Nathan s’en vont contents. Fred retourne au Parc Borély et s’assoit sur un banc et écoute de la musique avec son MP3. Blanche s’approche de Fred.

-        Bonjour  Fred !

-        Je ne vous connais pas ! mais comment savez-vous mon prénom ?

-        Tu ne te rappelles pas de moi, je t’ai vue à la boutique avec Luna et Charlotte

-        Si maintenant, ça me revient, vous êtes Blanche, c’est ça ?

-        Oui. je vois que la mémoire te revient, ça me rassure

-                                             

-        Voilà, c’est un peu délicat mais j’ai suivi une conversation entre Luna et Charlotte… j’ai appris que vous êtes trisomique

-        Et alors ?

-        Ca ne me fait rien, bien au contraire

-        Je ne sais pas pourquoi tout le monde me colle cette étiquette dans le dos, ça commence fort à m’agacer à la fin

-        Ne t’énerve pas, je comprends

-        Personne ne me comprend. je vais finir par me pendre à la fin !

-        Ne dis pas ça, je voulais juste te proposer quelque chose

-        Quoi encore

-        Qu’est-ce que tu fais de tes journées ? tu ne t’ennuies pas trop

-        Non ! ça va, parfois je vais à la plage, je me balade de droite à gauche

-        Tu n’as jamais essayé d’aller travailler

-        Mais personne ne voudra de moi, les employeurs, ils s’en foutent des handicapés, ils disent qu’on n’est pas rentable, on est trop lent, ça les dérange quoi

-        Dans ma classe, j’ai un enfant qui a la même différence que toi et je ne peux pas trop m’en occuper parce que j’ai au moins trente élèves

-        Je ne sais pas où vous voulez en venir

-        Je te propose de venir dans ma classe pour t’en occuper, ça serait bien pour toi, Non !

-        Vous me voyez moi revenir à l’école !

-        Ben ! pourquoi pas

-        Ca va faire revire ma jeunesse, ça va me remuer dans la tête

-        Tu n’es pas obligée de me dire ta réponse tout de suite, tu peux réfléchir

-        Et je serai payée ?

-        Je te donnerai un petit salaire

-        Combien ?

-        Il faut que j’en parle d’abord à ma hiérarchie, à l’inspecteur mais pour ça, il me faut ta réponse

-        J’ai peur de ne pas savoir m’y prendre, c’est la première fois que quelqu’un me propose ça, je suis moi-même étonnée

-        C’est quoi qui te retient ?

-        Et Luna, elle va dire quoi, elle sera déçue que je ne sois plus avec elle

-        Tu veux lui en parler avant ?

-        Oui… je préfère…

-                       

Fred court à toute vitesse pour aller annoncer cette nouvelle à Luna. Elle hurle « Luna, Luna, je crois que je vais m’envoler pour de bon. Luna, Luna… » Luna sort de la boutique.

-        Ne crie pas comme ça,

-        J’ai rencontré Blanche

-        Et alors !

-        Je vais aller travailler

-        Tu as l’air tout essoufflé,

-        Je n’arrive plus à parler

-        Reprends ton calme

-        Tu as couru combien de temps

-        Au moins une heure si ce n’est pas plus

-        T’es complètement dingue

-        Je crois que je vais prendre une douche froide

-        Ca c’est une bonne idée

-        Je te raconterai après mon entretien avec Blanche

-        Tu es dans un drôle état

Luna n’avait jamais vu Fred tout excitée. « C’est Blanche qui a mis Freddie dans cet état mais qu’est-ce qu’elle a pu lui dire ? » Elle se posait des questions. « Quelle drôle d’idée aussi de courir comme ça jusqu’à épuisement. Elle est fatiguée. Il faut que je lui fasse à manger. Elle cherche dans les placards, fouille un peu partout pour trouver à manger mais tout est vide. Elle ne comprend pas. Où sont passées les courses ? Elle regarde sa montre. Il est 20 H et tous les magasins sont fermés. Elle est embêtée. Elle attend Fred allongée sur le canapé.

-        Ca y est, j’ai pris ma douche Luna, je suis plus calme pour te parler

-        Tu n’as pas fait les courses comme je t’ai demandé ?

Fred va au Frigo et sort la salade composée et les plats qu’elle a préparés le matin

-        Et maintenant, surprise !

-        Tu as fait à manger !

-        Ca te surprend !

-        Oui… tu as mis tous les légumes dans le saladier

-        Ca change des plats surgelés ! non !

-        Il faudra refaire les courses alors !

-        Tu sais, on en a au moins pour une bonne semaine

-        Je ne sais pas comment te remercier

-        C’est rien

-        Bon ! alors on mange !

-        Et on fait la fête !

 

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