La
Vieille
Écoute le chant du vent qui annonce un message d’espoir. C’est comme
une mésange qui se pose sur le sable chaud et qui regarde la mer. Une
vieille dame vient à sa rencontre . Une vieille dame qui essaie de
communiquer avec ce drôle d’oiseau si étrange. Et ils se baladent
ensemble sur les chemins emplis de poésie où l’amitié règne. En ce
pays, je m’approche doucement. Je suis cet enfant qui n’a pas eu de
chance. Pas de bonheur ! Trop de malheur ! Je vois cette
vieille dame qui blottit ses enfants sous un châle noir. Et puis
doucement elle m’appelle pour visiter son île étrange. Je me
rappelle, elle avait des mains froides qui m’ont réchauffé le cœur.
J’en garde un souvenir heureux. Tu vois la vieille, je ne t’oublie
pas. Tu portais une balafre sur la joue gauche. Tu étais vieille malgré
ton jeune âge mais tu possédais cette bonté dans ton cœur si grande.
Ta peau était mate comme le sang des indiens. Tu vivais comme une
sauvage un peu comme chez les hippies. Ta voix rocailleuse me
bouleversait beaucoup. J’avais peur de cette voix et toi ça te
faisait rire aux éclats. Parfois tu te cachais sous ce châle noir pour
que je ne te vois pas. Je me souviens quand on mangeait ensemble,
simplement tu mettais le poing sur la table et cela faisait voltiger le
couvert. Je garderai toujours ce sourire malicieux au fond de moi. J’étais
cet enfant étonné que tu voulais apprivoiser. J’étais séduite par
ce charme. J’avais le droit de toucher le châle noir. Il était si
beau, resplendissant face au soleil et si chaud que j’avais envie de
le mettre. J’avais une chemise pour me vêtir et un pantalon troué.
Parfois j’avais froid mais je sentais néanmoins l’amour gravir au
fond de moi. Et c’était bien la première fois que j’avais ce
sentiment. Elle m’avait conduit sur une grande route où les graines
du bonheur y étaient semées. C’est là m’a-t-elle dit où j’ai
trouvé ce châle noir. Et puis tout d’un coup , elle s’est mies à
voler comme un faucon. Je ne la reconnaissais plus. Elle était si belle
déguisée. Et puis, elle se posa sur mon épaule. Elle me jouait de drôles
de tours. J’éprouvais une grande amitié envers elle. Ensemble, nous
avons construit le feu de la différence. Nos regards silencieux
brillaient dans le crépitement des flammes. L’Aigle noir passa près
de nous et partit faire d’autres voyages.
Fait
le 6/01/1994
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