Chapitre 37

 Paris

Avant de partir à Paris, Fred va dire au revoir à Thomas au bar mais Mirta était là et a tout entendu. Enervée, elle va voir Luna.

-        Tu ne m’as pas dit que tu partais à Paris avec Fred.

-        Tu ne peux pas un peu me lâcher les baskets.

-        Arrête tu me fais peur avec tes grands airs ! tu vas faire quoi là-bas, te balader?

-        Non ! mais je rêve là, ça me regarde!

-        Tu ne connais personne à Paris ! Mais tu vas dormir où ma pauvre fille dans la rue ?

-        Maman arrête ! Je vais juste dans l’appartement des parents de Fred.

-        Je ne comprends rien, je croyais qu’elle n’avait pas de famille.

-        Je ne peux pas t’expliquer, avec toi, ça serait trop long !

-        La confiance règne !

-        Rudy est au courant, il t’expliquera un peu mieux que moi.

-        Tu ne veux pas rester un peu plus avec ta famille ou lieu de traîner avec Fred.

-        Non ! Je ne reviendrai pas sur ma décision.

-        Et tu pars combien de temps ?

-        Je ne sais pas.

-        Bon ! vas où le vent te mène !

 

Luna donne la clef de la maison à Nathan. En tout cas, il est tout content d’avoir l’appart que pour lui. Il pourra inviter ses amis et faire la fête.

Après les adieux un peu difficiles avec quelques mistraliens, Luna et Fred partirent en train sur les chemins de la liberté. Luna et Fred se souviennent de la première fois où elles se sont rencontrées. C’était dans ce train sauf que là, elles font le chemin inverse. Fred aimait beaucoup Luna mais elle avait l’impression de l’envahir un peu trop. Elle voulait avoir une certaine distance vis-à-vis d’elle. Sans Fred, Luna se sentait perdu. Elle avait besoin de Freddie car elle lui transmettait sa force, sa joie de vivre. Luna était préoccupée par sa différence mais petit à petit, elle commençait  à s’effacer dans sa tête. Fred était fascinée par le paysage. Luna avait l’impression qu’elle était partie faire un voyage très loin. Elle repensa à Guillaume qui travaillait dans les pays du tiers monde. C’était sa passion. Luna était triste sans lui. Heureusement Fred est revenue auprès d’elle pour la soutenir. Puis tout à coup, Fred se mit à éclater de rire et elle ne pouvait plus s’empêcher. Un vrai fou-rire même plus que ça. On aurait cru qu’elle allait s’étrangler de rire. Surprise, Luna se mit à sourire puis à rire aussi avec elle. Tout le monde dans le train les regardait comme des bêtes curieuses. Puis avec beaucoup de difficulté, elles se calmèrent petit à petit.

-        Pourquoi tu t’es mise à rire comme ça ?

-        J’avais des voix dans ma tête qui me parlaient sans cesse.

-        Ah bon !

-        Tu me fais rire aussi.

-        Ca fait longtemps que je n’ai pas rit comme ça.

-        Ca fait du bien.

-        Tu ris encore ?

-        Oui.

-        Le train va bientôt arriver à Paris.

-        J’avais très envie de partir avec toi.

-        Moi aussi.

 

Les voyageurs descendent du train petit à petit. Luna et Fred prennent le métro. Les parents de Fred habitent dans les 19 ème arondissement de Paris près du Parc des Buttes Chaumont. Les chanteurs Julien Clerc et Jean-Jacques Goldman, les idoles de Fred ont habité dans ce quartier dans leur jeunesse. Fred montre l’appart à Luna qui le trouve splendide. La vue donne sur le parc des buttes Chaumont.

 

-        C’est ici où j’allais me balader avec mes parents quand j’étais jeune.

Luna est émue et émerveillée. Elles sont arrivées vers 17 heures.

-         Luna, je vais aller commander des pizzas pour ce soir, ça te dis ?

-        Très bien.

-        Je reviens ! je n’en ai pas pour très longtemps après si tu veux, je te ferai visiter le quartier.

-        Ca ne peut pas attendre demain parce que je suis fatiguée par le voyage.

-        Oui, je suis un peu pressèe de te faire visiter mais on a le temps c’est vrai.

-        Je peux prendre une douche.

-        Oui bien sûr, repose-toi bien, je reviens !

-        A tout de suite.

Luna alla prendre une douche mais elle s’aperçut qu’il n’y avait pas d’eau. Les robinets ne marchaient pas non plus.  Elle se posa des questions. Il y avait un tas de courrier énorme sur la table et par curiosité, elle ouvrit quelques enveloppes et elle s’aperçut qu’il y avait des factures qui n’étaient pas payées. Cela lui semblait bizarre. Puis quand elle ouvrit la dernière enveloppe, elle s’aperçut que c’était une lettre d’un huissier de justice. Elle attendit Fred allongée sur le canapé qui prit son temps. Fred arrive avec les bras chargés de pizza. Fred a acheté des bouteilles d’eau et du coca. Elle avait prit un sac à dos pour les mettre dedans.

-        Tu as pris une bonne douche ?

-        Il n’y a pas d’eau.

-        Comment ça pas d’eau !

-        Fred, j’ai fait une chose qui ne se fait pas.

-        Quoi ?

-        J’ai regardé le courrier.

-        Tu as bien fait ! Je n’avais pas  le courage de les ouvrir !

-        Il y a beaucoup de factures.

-        Et alors ?

-        C’est pour ça qu’il y a pas d’eau, tout a été coupé.

-        Il n’y a pas d’électricité non plus.

-        Non !

-        On s’en passera, ce n’est pas grave !

-        Il y a autre chose.

-        Ca, c’est la lettre d’un huissier de justice, lis-la, s’il te plait.

-        Non ! Il va passer demain vers 9 heures du matin.

-        Ne t’inquiète pas.

-        Il faut partir vite Luna.

-        Non ! on reste là ce soir ! on est fatigué par le voyage, on ne va pas aller traîner dans la rue.

-        Tu as raison. Je suis désolée.

-        Tu n’as pas à être désolée.

-        Je croyais qu’on allait être en paix à Paris et profiter du bon temps.

-        Ce n’est pas dramatique.

-        En principe, c’est mon oncle Oscar qui aurait dû m’aider dans les papiers, moi, je n’y comprends rien.

-        Je vais t’aider.

-        Heureusement que tu es là sinon sans toi, je ne sais pas ce que je ferais ?

-        On mange ?

-        Ouais, ça va nous redonner de la force mais en avant qu’on ne voit plus rien, je vais chercher des lampes de poches.

-        Tu as trouvé ?

-        J’en ai trouvé deux.

-        C’est génial de manger comme ça dans le noir.

-        En y pensant, on n’est pas obligé d’ouvrir la porte à l’huissier demain.

-        On dort !

-        Il reviendra.

-        On va se battre Fred.

-        C’est chouette d’être avec toi.

-        Tu n’es jamais revenue ici ?

-        Si une fois mais je ne me suis pas rendu compte de tout ça.

-        On en reparlera demain, on aura les idées plus claires.

Puis, fatiguées, Luna et Fred s’endormirent dans le salon. En se réveillant, Luna s’aperçut que Fred n’était pas là. Luna s’étirait dans tous les sens car elle n’était pas très bien réveillée. Puis elle marcha un peu pour se dégourdir les jambes. Sur la table, il y avait une lettre de Fred.

Luna

Je n’ai pas osé te réveiller car tu dormais très profondément. Je me suis réveilléé à 9h 15. J’ai trouvé un réchaud dans la cuisine. Tu peux te faire réchauffer de l’eau et prendre du café en poudre pour ton petit déjeuner et en plus, il y a des croissants sur la table. Je suis partie faire mon footing dans le parc des Buttes Chaumont. J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer, on peut prendre une douche chez les voisins d’en face de chez-moi. Je suis allée les voir pour expliquer la situation. C’est aussi des amis de mes parents. Ils m’ont prêté une clé pour prendre une douche chez-eux et on est aussi invité à manger ce soir. Ils sont très sympas. La clé est sur la table. Je t’embrasse.                      Fred

 

 

Luna se sentit tout à coup soulagée d’apprendre cette bonne nouvelle. Elle prit son temps. Elle alla prendre une bonne douche chez les voisins puis elle se sentit un peu plus réveillée. Elle revisita l’appartement des parents de Fred. Dans leurs chambres elle remarqua des livres sur le théâtre comme la Dame aux camélias d’Alexandre Dumas, Ne te promène donc pas toute nue de Feydau, Le malade imaginaire et toute la trilogie de Molière en passant par des grands classiques comme Shakespeare, Balzac, Racine, Jean-Paul Sartre et des tas d’autres auteurs très connus. Il y avait des livres de poèmes comme Jacques Prévert, Boris Vian, Victor Hugo. Des romans policiers et autres. Des livres sur le cinéma, la photo, la peinture, le sport, la musique mais surtout les chanteurs.  Elle remarqua aussi des posters accrochés au mur. Des coupes et des médailles que son père ou sa mère avaient gagné lors des championnats dans plusieurs disciplines sportives. Et au milieu de tout ça, il y avait une photo des parents. Luna la regarda très longtemps. Et puis elle se sentit bien au milieu de tout ces livres. Il y avait un point commun entre Fred et elle. Puis elle alla dans la chambre de Fred mais là, il y avait beaucoup de DVD, de CD et aussi des posters mais aussi quelques livres mais là c’était plutôt des romans d’aventures comme le Grand Meaulne d’Alain Fournier, Robinson Crusoé de Daniel Defot, le livre de la jungle, des poèmes aussi. Elle tomba sur un livre écrit par Fred « ma différence ». Intriguée, elle prit ce livre et commença à le lire. Elle n’en revenait pas. Elle était très étonnée, émue aussi. Puis elle sursauta quand la porte s’ouvrit et cacha vite le livre sous des magazines et des programmes de télé.

-        Bonjour Luna.

-        Tu m’as fait peur.

-        Tu ne t’es pas trop ennuyée sans moi ?

-        Un peu, je pensais que tu n’allais plus revenir !

-        Tu as vu mon mot.

-        Oui, ça m’a fait plaisir !

-        Je vais aller prendre une douche chez les voisins, je reviens !

 

Luna reprit le livre et se replongea dans sa lecture.

 

-        Qu’est-ce que tu lis ?

-        Non ! rien !

Elle montra le livre à Fred.

-        Comme tu écris bien, je n’en reviens pas que tu aies pu écrire tout ça !

-         

-        Tu as du talent, c’est dingue !

-        Merci.

Fred était très émue que Luna aie lu son livre et elle ne savait pas quoi lui dire. Il y eu un grand moment de silence entre elles et c’était aussi un moment magique, beau de ce qui vient de se passer dans leurs vies à toutes les deux.

-        Il faut que je le fasse lire à Guillaume.

-        Il serait épaté.

-        Oui, je crois !

Luna et Fred allèrent manger dans une brasserie dans Paris. Elles passèrent l’après-midi ensemble.

-        Tu as des nouvelles de l’huissier ?

-        Au retour à la maison, tu me feras penser  à prendre le courrier dans la boîte aux lettres.

-        Oui ! mais qu’est-ce qu’on va faire ?

-        Je ne sais pas. Il faut que je montre ces lettres à mes amis ce soir.

En fin de soirée, Luna et Fred se reposent tranquillement avant d’aller chez les amis de Fred. Elles s’installent confortablement, s’organisent un peu mieux dans la maison. Luna met ses affaires dans la grande chambre  car elle se sent bien parmi tous ces livres qui lui appartiennent un petit peu. Elle connaît par cœur ses bouquins. Elle retrouve un air de gaîté. Elle dort sur ce grand lit pendant un long moment puis elle ouvre les yeux. Fred est là à côté d’elle.

-        Je t’ai apporté des draps.

-        Je vais faire le lit alors !

-        Je t’attends dans le salon.

Luna est tout étonnée que Fred s’occupe d’elle comme ça, avec autant de gentillesse. Une fois, le lit fait, Luna rejoint Fred dans le salon.

-        Je suis émue que tu t’occupes de moi comme ça, je ne le mérite pas !

-        C’est naturel, tu sais !

-        Je me sens bien ici.

-        J’ai un cadeau pour toi.

-        Ah ! bon !

Luna prend son cadeau.

-        Non ! je n’y crois pas, tu me donnes ton livre.

-        Oui, ça me fait plaisir.

-        Il est dédicacé aussi, ça me touche beaucoup, merci Fred.

-        Je voudrais que tu me promettes quelques choses.

-        Quoi ?

-        Ma différence, je voudrais que tu m’en parles plus.

-        Je sens que ça va être dure !

-        Je voudrais que ça ne te préoccupe plus.

-        Je vais essayer mais je ne te garantis rien.

-        Tu sais, c’est juste une petite partie de moi, enfin du compte on est tous différents et c’est ça qui fait la richesse du monde.

-        Tu as raison, je deviens un peu parano avec ça.

-        J’espère que tu liras mon livre comme ça, il effacera dans ta tête ma différence petit à petit.

-        Pourquoi me demandes-tu ça ? Tu seras toujours trisomique que tu veuilles ou non !

-        C’est juste une étiquette pour moi qui m’empêche de vivre.

-        Tu ne fais pas ce que tu veux ?

-        Si bien sûr mais je ne sais pas pourquoi je veux toujours aller plus loin.

-        Comment ça « aller plus loin » ?

-        Je ne sais pas. Je me suis toujours battue contre les préjugés des gens.

-        Et tu es toujours en lutte contre eux.

-        Non ! plus maintenant parce que je t’ai rencontré Luna.

Emue, Luna serra Fred dans ses bras très longuement.

A vingt heure, elles vont chez les voisins d’en face.

-        Bonjour Fred.

-        C’est Luna, une amie.

-        Luna, je te présente Christophe et Margot.

-        Bonjour.

Luna, Fred s’installent dans le salon.

-        Je t’ai apporté les deux lettres de l’huissier.

-        Il va revenir demain.

-        Il est déjà passé ce matin mais on dormait bien, on n’a rien entendu !

-        Qu’est-ce qu’on peut faire ?

-        Il faudrait lui donner l’adresse de tes parents et ils régleront ce problème entre eux, je ne vois pas d’autre solution.

-        Il y a des tas de factures qui ne sont pas payées, il y en a au moins pour 20 000 Euros, même plus à régler au fisc.

-        Et comment sais-tu ça ?

-        J’ai fait des études de comptabilité et j’ai calculé combien tes parents devaient aux impôts.

-        C’est pour ça que l’huissier vient !

-        Il va prendre des meubles, j’en suis sûr et on sera à la rue Luna et moi.

-        En cas de problème, ton amie et toi, vous viendriez à la maison.

-        On ne veut pas vous déranger !

-        Il n’y aura pas de problème.

-        On part dans deux jours, voir nos enfants, on peut vous laisser la maison pour une quinzaine de jours, on vous fait confiance.

-        C’est vraiment très gentil de votre part.

-        J’ai des nouvelles de vos parents.

-        Alors… Raconte-moi, je veux tout savoir.

-        Samy est en train de tourner un film avec ta mère qui joue dedans.

-        Je ne comprends pas, ils m’ont dit qu’ils faisaient le tour du monde ?

Ils sont partis car ils avaient gagné un grand voyage offert par une radio mais maintenant c’est fini ça !

-        Comment c’est fini !

-        Je ne sais pas, ils ne parlent pas de ça dans leur lettre.

-        Ah bon ! ils en sont où alors ?

-        Ils sont en train de tourner un film.

-        Comment se nome-t-il ce film demanda Luna intéressée.

-        Au-delà des Frontières.

-        Et qui a écrit ce scénario ?

-        Ils ne le disent pas, ils sont discrets pour ça.

-        Et le film, il se déroule où ?

-        Aux Etats-Unis, à San-Francisco.

-        Ils ne s’en font pas quand même.

-        C’est génial d’entreprendre un film, ça doit être passionnant !

-        Oui mon père est un réalisateur de cinéma et ma mère est danseuse.

-        J’aimerais bien les rencontrer tes parents Fred.

-        Ils sont complètement dingues et moi qu’est-ce que je vais devenir sans eux ?

-        Ils pensaient que tu vivais avec ton oncle Oscar.

-        Il s’est fait assassiner !  C’est Luna qui m’a recueillie gentiment avec elle.

-        Nous sommes très peinés d’apprendre ça froidement par toi, nous ne le savions pas sinon on aurait fait le voyage à Marseille pour aller à son enterrement.

-        Moi non plus, je n’étais pas aux obsèques.

Christophe et Margot avaient les larmes aux yeux d’apprendre cette mauvaise nouvelle.

-        Ne vous inquiétez  pas, je suis avec Luna maintenant.

-        C’est bizarre  d’apprendre ça, ils n’en parlent pas dans leur lettre

-        Ils sont sur un  grand nuage c’est pour ça !

-        Oui … parlons d’autre chose.

-        Luna est comédienne, elle a déjà joué la dame aux Camélias et d’autres pièces, c’est pour ça qu’elle rêve de rencontrer mes parents.

-        Il faut aller à San Francisco.

-        Je sais mais je n’ai pas beaucoup d’argent.

-        Ca te fait rêver cette vie !

-        Oui beaucoup ! mais je suis bien avec toi aussi Fred !

-        Et si on rentrait se coucher. 

-        Vous nous tiendrez au courant pour l’huissier demain.

-        Oui, on vous tiendra au courant.

-        Ca nous fait très plaisir de faire votre connaissance Luna.

-        Moi aussi à bientôt.

 


 


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