Paris Avant
de partir à Paris, Fred va dire au revoir à Thomas au bar mais Mirta était là et a tout
entendu. Enervée, elle va voir Luna. -
Tu ne m’as pas
dit que tu partais à Paris avec Fred. -
Tu ne peux pas un
peu me lâcher les baskets. -
Arrête tu me fais
peur avec tes grands airs ! tu vas faire quoi là-bas, te balader? -
Non ! mais je
rêve là, ça me regarde! -
Tu ne connais
personne à Paris ! Mais tu vas dormir où ma pauvre fille dans la rue ? -
Maman arrête !
Je vais juste dans l’appartement des parents de Fred. -
Je ne comprends
rien, je croyais qu’elle n’avait pas de famille. -
Je ne peux pas
t’expliquer, avec toi, ça serait trop long ! -
La confiance règne !
-
Rudy est au
courant, il t’expliquera un peu mieux que moi. -
Tu ne veux pas
rester un peu plus avec ta famille ou lieu de traîner avec Fred. -
Non ! Je ne
reviendrai pas sur ma décision. -
Et tu pars combien
de temps ? -
Je ne sais pas. -
Bon ! vas où
le vent te mène ! Luna donne la clef de la maison à Nathan. En tout cas, il est tout
content d’avoir l’appart que pour lui. Il pourra inviter ses amis et faire
la fête. Après
les adieux un peu difficiles avec quelques mistraliens, Luna et Fred partirent
en train sur les chemins de la liberté. Luna et Fred se souviennent de la première
fois où elles se sont rencontrées. C’était dans ce train sauf que là,
elles font le chemin inverse. Fred aimait beaucoup Luna mais elle avait
l’impression de l’envahir un peu trop. Elle voulait avoir une certaine
distance vis-à-vis d’elle. Sans Fred, Luna se sentait perdu. Elle avait
besoin de Freddie car elle lui transmettait sa force, sa joie de vivre. Luna était
préoccupée par sa différence mais petit à petit, elle commençait
à s’effacer dans sa tête. Fred était fascinée par le paysage. Luna
avait l’impression qu’elle était partie faire un voyage très loin. Elle
repensa à Guillaume qui travaillait dans les pays du tiers monde. C’était sa
passion. Luna était triste sans lui. Heureusement Fred est revenue auprès
d’elle pour la soutenir. Puis tout à coup, Fred se mit à éclater de rire et
elle ne pouvait plus s’empêcher. Un vrai fou-rire même plus que ça. On
aurait cru qu’elle allait s’étrangler de rire. Surprise, Luna se mit à
sourire puis à rire aussi avec elle. Tout le monde dans le train les regardait
comme des bêtes curieuses. Puis avec beaucoup de difficulté, elles se calmèrent
petit à petit. -
Pourquoi tu t’es
mise à rire comme ça ? -
J’avais des voix
dans ma tête qui me parlaient sans cesse. -
Ah bon ! -
Tu me fais rire
aussi. -
Ca fait longtemps
que je n’ai pas rit comme ça. -
Ca fait du bien. -
Tu ris encore ? -
Oui. -
Le train va bientôt
arriver à Paris. -
J’avais très
envie de partir avec toi. -
Moi aussi. Les voyageurs descendent du train petit à petit. Luna et Fred prennent le
métro. Les parents de Fred habitent dans les 19 ème arondissement de Paris près
du Parc des Buttes Chaumont. Les chanteurs Julien Clerc et Jean-Jacques Goldman,
les idoles de Fred ont habité dans ce quartier dans leur jeunesse. Fred montre
l’appart à Luna qui le trouve splendide. La vue donne sur le parc des buttes
Chaumont. -
C’est ici où
j’allais me balader avec mes parents quand j’étais jeune. Luna
est émue et émerveillée. Elles sont arrivées vers 17 heures. -
Luna,
je vais aller commander des pizzas pour ce soir, ça te dis ? -
Très bien. -
Je reviens !
je n’en ai pas pour très longtemps après si tu veux, je te ferai visiter le
quartier. -
Ca ne peut pas
attendre demain parce que je suis fatiguée par le voyage. -
Oui, je suis un
peu pressèe de te faire visiter mais on a le temps c’est vrai. -
Je peux prendre
une douche. -
Oui bien sûr,
repose-toi bien, je reviens ! -
A tout de suite. Luna
alla prendre une douche mais elle s’aperçut qu’il n’y avait pas d’eau.
Les robinets ne marchaient pas non plus. Elle
se posa des questions. Il y avait un tas de courrier énorme sur la table et par
curiosité, elle ouvrit quelques enveloppes et elle s’aperçut qu’il y avait
des factures qui n’étaient pas payées. Cela lui semblait bizarre. Puis quand
elle ouvrit la dernière enveloppe, elle s’aperçut que c’était une lettre
d’un huissier de justice. Elle attendit Fred allongée sur le canapé qui prit
son temps. Fred arrive avec les bras chargés de pizza. Fred a acheté des
bouteilles d’eau et du coca. Elle avait prit un sac à dos pour les mettre
dedans. -
Tu as pris une
bonne douche ? -
Il n’y a pas
d’eau. -
Comment ça pas
d’eau ! -
Fred, j’ai fait
une chose qui ne se fait pas. -
Quoi ? -
J’ai regardé le
courrier. -
Tu as bien fait !
Je n’avais pas le courage de les
ouvrir ! -
Il y a beaucoup de
factures. -
Et alors ? -
C’est pour ça
qu’il y a pas d’eau, tout a été coupé. -
Il n’y a pas
d’électricité non plus. -
Non ! -
On s’en passera,
ce n’est pas grave ! -
Il y a autre
chose. -
Ca, c’est la
lettre d’un huissier de justice, lis-la, s’il te plait. -
Non ! Il va
passer demain vers 9 heures du matin. -
Ne t’inquiète
pas. -
Il faut partir
vite Luna. -
Non ! on
reste là ce soir ! on est fatigué par le voyage, on ne va pas aller traîner
dans la rue. -
Tu as raison. Je
suis désolée. -
Tu n’as pas à
être désolée. -
Je croyais qu’on
allait être en paix à Paris et profiter du bon temps. -
Ce n’est pas
dramatique. -
En principe,
c’est mon oncle Oscar qui aurait dû m’aider dans les papiers, moi, je n’y
comprends rien. -
Je vais t’aider. -
Heureusement que
tu es là sinon sans toi, je ne sais pas ce que je ferais ? -
On mange ? -
Ouais, ça va nous
redonner de la force mais en avant qu’on ne voit plus rien, je vais chercher
des lampes de poches. -
Tu as trouvé ? -
J’en ai trouvé
deux. -
C’est génial de
manger comme ça dans le noir. -
En y pensant, on
n’est pas obligé d’ouvrir la porte à l’huissier demain. -
On dort ! -
Il reviendra. -
On va se battre
Fred. -
C’est chouette
d’être avec toi. -
Tu n’es jamais
revenue ici ? -
Si une fois mais
je ne me suis pas rendu compte de tout ça. -
On en reparlera
demain, on aura les idées plus claires. Puis,
fatiguées, Luna et Fred s’endormirent dans le salon. En se réveillant, Luna
s’aperçut que Fred n’était pas là. Luna s’étirait dans tous les sens
car elle n’était pas très bien réveillée. Puis elle marcha un peu pour se
dégourdir les jambes. Sur la table, il y avait une lettre de Fred. Luna Je
n’ai pas osé te réveiller car tu dormais très profondément. Je me suis réveilléé
à 9h 15. J’ai trouvé un réchaud dans la cuisine. Tu peux te faire réchauffer
de l’eau et prendre du café en poudre pour ton petit déjeuner et en plus, il
y a des croissants sur la table. Je suis partie faire mon footing dans le parc
des Buttes Chaumont. J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer, on peut prendre
une douche chez les voisins d’en face de chez-moi. Je suis allée les voir
pour expliquer la situation. C’est aussi des amis de mes parents. Ils m’ont
prêté une clé pour prendre une douche chez-eux et on est aussi invité à
manger ce soir. Ils sont très sympas. La clé est sur la table. Je
t’embrasse.
Fred Luna
se sentit tout à coup soulagée d’apprendre cette bonne nouvelle. Elle prit
son temps. Elle alla prendre une bonne douche chez les voisins puis elle se
sentit un peu plus réveillée. Elle revisita l’appartement des parents de
Fred. Dans leurs chambres elle remarqua des livres sur le théâtre comme la
Dame aux camélias d’Alexandre Dumas,
Ne te promène donc pas toute nue de Feydau,
Le malade imaginaire et toute la trilogie de Molière en passant par des grands classiques comme Shakespeare,
Balzac, Racine, Jean-Paul
Sartre et des tas d’autres auteurs très connus. Il y avait des livres de
poèmes comme Jacques Prévert, Boris Vian,
Victor Hugo. Des romans policiers et
autres. Des livres sur le cinéma, la photo, la peinture, le sport, la musique
mais surtout les chanteurs. Elle
remarqua aussi des posters accrochés au mur. Des coupes et des médailles que
son père ou sa mère avaient gagné lors des championnats dans plusieurs
disciplines sportives. Et au milieu de tout ça, il y avait une photo des
parents. Luna la regarda très longtemps. Et puis elle se sentit bien au milieu
de tout ces livres. Il y avait un point commun entre Fred et elle. Puis elle
alla dans la chambre de Fred mais là, il y avait beaucoup de DVD, de CD et
aussi des posters mais aussi quelques livres mais là c’était plutôt des
romans d’aventures comme le Grand Meaulne d’Alain
Fournier, Robinson Crusoé de Daniel
Defot, le livre de la jungle, des poèmes aussi. Elle tomba sur un livre écrit
par Fred « ma différence ». Intriguée, elle prit ce livre et
commença à le lire. Elle n’en revenait pas. Elle était très étonnée, émue
aussi. Puis elle sursauta quand la porte s’ouvrit et cacha vite le livre sous
des magazines et des programmes de télé. -
Bonjour Luna. -
Tu m’as fait
peur. -
Tu ne t’es pas
trop ennuyée sans moi ? -
Un peu, je pensais
que tu n’allais plus revenir ! -
Tu as vu mon mot. -
Oui, ça m’a
fait plaisir ! -
Je vais aller
prendre une douche chez les voisins, je reviens ! Luna reprit le livre et se replongea dans sa lecture. -
Qu’est-ce que tu
lis ? -
Non ! rien ! Elle
montra le livre à Fred. -
Comme tu écris
bien, je n’en reviens pas que tu aies pu écrire tout ça ! -
-
Tu as du talent,
c’est dingue ! -
Merci. Fred
était très émue que Luna aie lu son livre et elle ne savait pas quoi lui
dire. Il y eu un grand moment de silence entre elles et c’était aussi un
moment magique, beau de ce qui vient de se passer dans leurs vies à toutes les
deux. -
Il faut que je le
fasse lire à Guillaume. -
Il serait épaté. -
Oui, je crois ! Luna
et Fred allèrent manger dans une brasserie dans Paris. Elles passèrent l’après-midi
ensemble. -
Tu as des
nouvelles de l’huissier ? -
Au retour à la
maison, tu me feras penser à
prendre le courrier dans la boîte aux lettres. -
Oui ! mais
qu’est-ce qu’on va faire ? -
Je ne sais pas. Il
faut que je montre ces lettres à mes amis ce soir. En
fin de soirée, Luna et Fred se reposent tranquillement avant d’aller chez les
amis de Fred. Elles s’installent confortablement, s’organisent un peu mieux
dans la maison. Luna met ses affaires dans la grande chambre
car elle se sent bien parmi tous ces livres qui lui appartiennent un
petit peu. Elle connaît par cœur ses bouquins. Elle retrouve un air de gaîté.
Elle dort sur ce grand lit pendant un long moment puis elle ouvre les yeux. Fred
est là à côté d’elle. -
Je t’ai apporté
des draps. -
Je vais faire le
lit alors ! -
Je t’attends
dans le salon. Luna
est tout étonnée que Fred s’occupe d’elle comme ça, avec autant de
gentillesse. Une fois, le lit fait, Luna rejoint Fred dans le salon. -
Je suis émue que
tu t’occupes de moi comme ça, je ne le mérite pas ! -
C’est naturel,
tu sais ! -
Je me sens bien
ici. -
J’ai un cadeau
pour toi. -
Ah ! bon ! Luna
prend son cadeau. -
Non ! je
n’y crois pas, tu me donnes ton livre. -
Oui, ça me fait
plaisir. -
Il est dédicacé
aussi, ça me touche beaucoup, merci Fred. -
Je voudrais que tu
me promettes quelques choses. -
Quoi ? -
Ma différence, je
voudrais que tu m’en parles plus. -
Je sens que ça va
être dure ! -
Je voudrais que ça
ne te préoccupe plus. -
Je vais essayer
mais je ne te garantis rien. -
Tu sais, c’est
juste une petite partie de moi, enfin du compte on est tous différents et
c’est ça qui fait la richesse du monde. -
Tu as raison, je
deviens un peu parano avec ça. -
J’espère que tu
liras mon livre comme ça, il effacera dans ta tête ma différence petit à
petit. -
Pourquoi me
demandes-tu ça ? Tu seras toujours trisomique que tu veuilles ou non ! -
C’est juste une
étiquette pour moi qui m’empêche de vivre. -
Tu ne fais pas ce
que tu veux ? -
Si bien sûr mais
je ne sais pas pourquoi je veux toujours aller plus loin. -
Comment ça
« aller plus loin » ? -
Je ne sais pas. Je
me suis toujours battue contre les préjugés des gens. -
Et tu es toujours
en lutte contre eux. -
Non ! plus
maintenant parce que je t’ai rencontré Luna. Emue,
Luna serra Fred dans ses bras très longuement. A
vingt heure, elles vont chez les voisins d’en face. -
Bonjour Fred. -
C’est Luna, une
amie. -
Luna, je te présente
Christophe et Margot. -
Bonjour. Luna,
Fred s’installent dans le salon. -
Je t’ai apporté
les deux lettres de l’huissier. -
Il va revenir
demain. -
Il est déjà passé
ce matin mais on dormait bien, on n’a rien entendu ! -
Qu’est-ce
qu’on peut faire ? -
Il faudrait lui
donner l’adresse de tes parents et ils régleront ce problème entre eux, je
ne vois pas d’autre solution. -
Il y a des tas de
factures qui ne sont pas payées, il y en a au moins pour 20 000 Euros, même
plus à régler au fisc. -
Et comment sais-tu
ça ? -
J’ai fait des études
de comptabilité et j’ai calculé combien tes parents devaient aux impôts. -
C’est pour ça
que l’huissier vient ! -
Il va prendre des
meubles, j’en suis sûr et on sera à la rue Luna et moi. -
En cas de problème,
ton amie et toi, vous viendriez à la maison. -
On ne veut pas
vous déranger ! -
Il n’y aura pas
de problème. -
On part dans deux
jours, voir nos enfants, on peut vous laisser la maison pour une quinzaine de
jours, on vous fait confiance. -
C’est vraiment
très gentil de votre part. -
J’ai des
nouvelles de vos parents. -
Alors…
Raconte-moi, je veux tout savoir. -
Samy est en train
de tourner un film avec ta mère qui joue dedans. -
Je ne comprends
pas, ils m’ont dit qu’ils faisaient le tour du monde ? Ils sont partis car ils avaient gagné un grand voyage offert par une
radio mais maintenant c’est fini ça ! -
Comment c’est
fini ! -
Je ne sais pas,
ils ne parlent pas de ça dans leur lettre. -
Ah bon ! ils
en sont où alors ? -
Ils sont en train
de tourner un film. -
Comment se
nome-t-il ce film demanda Luna intéressée. -
Au-delà des
Frontières. -
Et qui a écrit ce
scénario ? -
Ils ne le disent
pas, ils sont discrets pour ça. -
Et le film, il se
déroule où ? -
Aux Etats-Unis, à
San-Francisco. -
Ils ne s’en font
pas quand même. -
C’est génial
d’entreprendre un film, ça doit être passionnant ! -
Oui mon père est
un réalisateur de cinéma et ma mère est danseuse. -
J’aimerais bien
les rencontrer tes parents Fred. -
Ils sont complètement
dingues et moi qu’est-ce que je vais devenir sans eux ? -
Ils pensaient que
tu vivais avec ton oncle Oscar. -
Il s’est fait
assassiner ! C’est Luna qui
m’a recueillie gentiment avec elle. -
Nous sommes très
peinés d’apprendre ça froidement par toi, nous ne le savions pas sinon on
aurait fait le voyage à Marseille pour aller à son enterrement. -
Moi non plus, je
n’étais pas aux obsèques. Christophe et Margot avaient les larmes aux yeux d’apprendre cette
mauvaise nouvelle. -
Ne vous inquiétez
pas, je suis avec Luna maintenant. -
C’est bizarre
d’apprendre ça, ils n’en parlent pas dans leur lettre -
Ils sont sur un
grand nuage c’est pour ça ! -
Oui …
parlons d’autre chose. -
Luna est comédienne,
elle a déjà joué la dame aux Camélias et d’autres pièces, c’est pour ça
qu’elle rêve de rencontrer mes parents. -
Il faut aller à
San Francisco. -
Je sais mais je
n’ai pas beaucoup d’argent. -
Ca te fait rêver
cette vie ! -
Oui beaucoup !
mais je suis bien avec toi aussi Fred ! -
Et si on rentrait
se coucher. -
Vous nous tiendrez
au courant pour l’huissier demain. -
Oui, on vous
tiendra au courant. -
Ca nous fait très
plaisir de faire votre connaissance Luna. -
Moi aussi à bientôt. |