Chapitre 61 

Les mystères de la chambre jaune

 

Nathan invite Fred chez-lui à passer un bon moment ensemble. Il a appris qu’elle n’allait pas très bien en ce moment. Puis en plus, Nathan ne supporte pas la solitude. Depuis que Fred a séjourné plus d’un mois seule au camping, Nathan a une certaine admiration pour elle. Il la voit autrement qu’auparavant.  Il fallait qu’elle se débrouille toute seule. Maintenant, Fred la fascine de plus en plus. Il a appris aussi que Fred avait un certain humour qu’il n’avait pas perçu auparavant. Il est au courant que Léo a embarqué Fred au commissariat et que tous les deux ont décidé de faire une farce à Mirta et à Luna et cela l’a bien fait rire.

-        J’ai appris que tu as fait une farce à Mirta et à Luna au Commissariat. Vous avez été trop forts tous les deux. J’aurais bien voulu être là.

-        J’ai pris un sérieux fou-rire. Luna me disait « J’ai trop peur que tu partes en prison. Comment vas-tu te débrouiller sans moi ? » et en plus, elle me serrait très fort dans ses bras. C’était tellement émouvant.

-        Et comment elle a réagi après quand elle a su que ce n’était pas vrai.

-        Elle m’a giflée.

-        Sérieux, c’est vrai ?

-        Mais non, je te fais marcher !

-        Luna et Mirta ne savaient pas trop quoi dire et en plus tellement je riais fort, je n’entendais absolument rien de ce qu’elles me racontaient.

-        Elles se sentaient bêtes !

-        Oui plutôt. On ne va pas en prison pour si peu, je n’ai tué personne !

-        C’est quand même bizarre ce qu’il t’arrive désormais.

Nathan essaye dans l’appartement de jouer au somnambule et cela fait rire Fred.

-        Tu m’amuses trop Nathan.

-        Justement comment ça se fait que tu en es arrivée là ?

-        Depuis que j’ai vécu au camping, j’ai un peu comme des angoisses au fond de moi. Il y a quelque chose qui s’est brisé tout à coup.

-        Jusqu’à te déguiser en somnambule ?

-        C’est possible. J’ai l’impression que je ne suis plus la même personne. Je ne me contrôle plus.

-        J’espère que tu ne vas pas dégringoler dans la dépression. Tu me fais peur.

-        Je ne pense pas non ! J’aime encore la vie.

-        Ca c’est un bon signe.

-        Tu pourrais revenir habiter avec moi, je serais ton ange gardien.

-        C’est sympa de me remonter le moral.

-        Je suis très sérieux.

-        C’est dur pour toi de vivre seul ici ?

-        Non ! ça va !  J’ai mes copains.

-        Tu vois toujours Raphaël ?

-        Il est parti en Belgique avec une copine et on se voit plus beaucoup mais ne t’inquiète pas pour moi, je me débrouille.

-                        

-        J’aimerais tant que tu vives avec moi, cela serait plus facile la vie. Tu m’aimes ?

-        Je t’aime bien mais je ne suis pas amoureuse de toi.

-        Je sais.

-        En fait, tu voudrais que je te fasse la popote, laver et repasser ton linge et me déguiser en femme de ménage.

-        Mais non ! J’ai une nouvelle copine.

-        Je la connais ?

-        Elle n’habite pas au Mistral. Elle s’appelle Florence et elle doit venir me rendre visite dans la journée.

-        Si tu as une amie alors pourquoi tu veux que j’habite avec toi ?

-        Comme ça, en amie.

-        C’est un peu louche ton affaire, Nathan.

A ce moment, on frappe à la porte.

-        Je pense que ça doit être Florence.

Luna arrive dans l’appartement.

-        Alors Nathan ! c’est ça ta nouvelle copine !

-        Mais qu’est-ce que vous avez à rire tous les deux ?

-        C’est rien. C’est une histoire entre Nathan et moi.

-        Fred se moque de moi. Elle ne me croit pas que j’ai une nouvelle copine.

-        C’est curieux, tu ne m’en as jamais parlé de ta nouvelle petite amie.

-        J’ai mes petits secrets, c’est pour ça.

-        J’ai reçu un e-mail de sa part sur mon ordinateur. Je communique avec elle sur internet.

-        Tu ne l’as pas rencontrée alors ?

-        Elle doit venir dans la journée.

On frappe à la porte.

-        Maintenant, j’en suis sûr que c’est elle.

Une jeune femme mince aux cheveux courts et roux, arrive chez Nathan.

-        Bonjour, je suis la remplaçante du docteur LESERMAN.

Nathan est déçu de sa présence. Il aurait préférait voir Florence. Il se sentait un peu stupide d’autant plus que Luna et Fred se moquaient de lui en riant bêtement.

-        Je vous dérange.

-        Non ! pas du tout.

-        Je suis désolée, je ne me suis pas présentée. Je m’appelle Babeth NEBOUT.

-        Voilà, c’est les clés du cabinet médical de mon père. Je vais vous montrer où se trouve son lieu de travail.

Babeth NEBOUT est arrivée au Mistral avec sa petite famille. Patrick, le mari de Babeth faisait ses pas au Commissariat avec l’équipe de Sarah DOUALA, Léo CASTELLI, Jean-François LEROUX, Jean-Paul BOHER et Samia NASRI aujourd’hui même. Léa et Valentin (les enfants) faisaient leurs premiers pas au Lycée Vincent Scotto pas très loin du Mistral.

Nathan laissa Babeth au Cabinet Médical et rejoignit Luna et Fred chez-lui. 

-        Vous n’étiez pas obligés de vous moquer de moi en présence de cette femme, c’était plutôt gênant.

 

-        Florence ne viendra pas  aujourd’hui. En ton absence, elle a téléphoné et elle a dit qu’elle viendrait te voir dans un mois.

-        Ce n’est pas vrai.

-        C’est la vérité Nathan, nous on y est pour rien.

-        Je suis trop déçu ! D’ailleurs toutes les filles me dégoutent !

-        Merci pour nous !

-        Bon arrêtez de me charrier, vous n’avez pas autre chose à faire !

-        J’espère que tu n’es pas accro à l’ordinateur et que tu vas t’aérer de temps en temps.

-        Ne vous inquiétez pas tout va bien.

-        J’espère que tu n’oublies pas de te faire à manger dit Fred.

-        C’est le roi des fainéants ! Tous les mistraliens se sont mis à l’aider depuis que son père est parti dit Luna.

-        Remarque, je prends la vie d’une façon plutôt zen !

-         Un peu trop même.

-        Bon ! on va te laisser Nathan, je dois parler avec Fred.

-        De quoi !

-        Toi aussi, tu n’es pas réveillé ?

-        Si… si… pourquoi…. Tu as quelque chose à me demander.

-        Je préférerais que ça reste entre nous.

Luna et Fred décident de se promener en direction du hangar et de passer l’après-midi là-bas toutes les deux.

-        C’est drôle que tu m’aie caché ici au début quand on ne se connaissait pas très bien.

-        Ca te rappelle des mauvais souvenirs.

-        Pas forcément. Tu as quelque chose à me demander.

-        Tu pourrais crier de toutes tes forces pour te libérer de tes angoisses maintenant qu’on est arrivé jusqu’ici.

Fred hurle comme une sauvage.

-        Dis  Luna, tu as l’intention de me donner des gages toute l’après-midi ?

-        Je ferais tout pour que tu ailles mieux. Je voudrais savoir comment ça se  fait que tout à coup, tu t’es transformée en somnambule.

-        J’ai eu très peur quand j’étais au camping. Je faisais des cauchemars. Je pensais tout le temps à mes parents.

-        Ils te manquent ?

-        Oui. C’est atroce comme douleur. Je sens que mon corps se déguise en vampire. Je fais peur à tout le monde. C’est plus fort que moi. Je sais que tu fais tout pour moi mais le fait que je n’ai pas ma famille à côté de moi, ça me bouleverse mais toi, tu n’y es pour rien. Je suis bien à côté de toi.

-        Tu as envie de revoir tes parents ?

-        Je ne sais pas. Oui et non. Ce n’est pas clair dans ma tête. Donne-moi des gages comme ça j’essaierai de surmonter mes angoisses.

-        C’est une bonne idée.

-        Tu m’as inscrite à Fort Boyard ?

-        Pourquoi tu me parles de Fort Boyard ? Je ne comprends pas très bien.

-        Si tu m’as inscrite à Fort Boyard pour enlever mes démons.

-        Fred, Je n’ai pas fait ça.

-        Je nagerai jusqu’au Fort comme ça le père FOURRAS ne sera pas déçu de moi.

Luna était surprise de la réaction de Fred. Elle ne comprenait pas très bien pourquoi Fred lui parlait de Fort Boyard. Elle la voyait changer tout à coup et cela l’effrayait un peu. Fred devenait un peu plus fragile, elle était ailleurs et avait du mal à penser à autre chose. Luna recadra Fred aussi sec.

-        Ca suffit maintenant. J’en ai marre ! Tu m’entends ! Je n’en peux plus !

-        Et bien vas t’en ! si je bouffe ta vie, tu as cas me le dire !

-        Excuse-moi ! Je ne voulais pas te blesser !

-        C’est bon ! Je sais que je ne vais pas bien. Puis qu’est-ce que ça peut te faire si je parle de Fort Boyard c’est mon droit.

-        Oui, c’est ton droit mais moi non plus, je ne sais plus où j’en suis.

-        Et ben alors si on est toutes les deux paumées,  on est mal barrées !

-        Je voudrais que tu t’en sortes Fred.

-        Laisse-moi parler du père FOURRAS, ça me fait du bien.

-        Ok !

-        Je lui caresserai sa belle barbe blanche et il sera très touché par ce geste alors je me reposerai sur de tendres lauriers.

-        Il sera très fâché contre toi.

-        J’affronterai toutes les épreuves. Je ramperai sur le cylindre, Je plongerai dans l’eau glacée, je marcherai sur une poutre et je resterai calme pour trouver les 7 clefs qui ouvrent le Fort.

-        Et toutes les deux, on trouvera les indices ainsi que le mot-clé.

-        Et on se précipitera sur les Boyard dans la salle du Trésor.

-        Et on offrira les 6 000 Euros à une association américaine.

-        Moi je veux les donner à l’ARIST car elle s’occupe des trisomiques 21.

-        Dans le fond, ça m’est égal !   fait comme tu veux.

-        Ensuite, on parlera de nous dans les journaux.

-        Et si on parlait d’autre chose que Fort Boyard.

-        De quoi, tu veux parler ?

-        Je voudrais te tester Fred ; ça te tente ?

-        Oui pourquoi pas.

-        Je sais que tu veux aller aux Etats-Unis  rejoindre tes parents.

-        Je ne comprends pas où tu veux en venir.

-        J’aimerais qu’on communique  en Anglais toi et moi.

 

Fred  essaye de parler Anglais mais elle n’y arrive pas. Elle ne comprend pas ce que dis Luna en Anglais.

(J’ai répondu aux questions de Luna en Français pour faire comprendre au lecteur qu’il y a les bonnes réponses aux questions de Luna que j’ai mises au début de chaque dialogue de Fred.)

 

-        Luna – Parles-tu en Anglais ?
traduction. Do you speak english ?

 

-        Fred – Oui… non… un petit peu.
Yes… no… petito.

 

-        Luna- Es-tu heureuse de monter au hangar avec moi ?
traduction.
Es thou pleased to munted at hangar with me ?

 

-        Fred – Je suis contente, je retrouve le hangar où tu m’as planquée pour me protéger des Mistraliens.
Quoi ? … contento… Yes !

 

-        Luna- Tu t’en souviens ?
traduction. You remember ?

 

-        Fred- C’était un jour merveilleux, rien que toi et moi !
Beautiful ! Beautiful ! Journo !

 

-        Luna- Tu veux manger quelque chose ?
traduction.
Do you want to eat something ?

 

Luna tend à manger à Fred.

 

-        Fred- Merci. On ne va pas passer la nuit ici ! on va avoir super froid !
Thank you. Fred répète la phrase au-dessus.

 

-        Luna- Ne t’inquiète pas, j’ai emmené des couvertures dans mon sac à dos.
traduction.
Don’t wory, I took the covers in backpack.  

 

Luna sort les couvertures.

 

-        Fred- Tu es dingue !
tu es dingo !

 

-        Luna- Tu n’aimes pas cette vie sauvage ?
traduction.
We do not like this wild life ?

 

-        Fred- Si.. Si… j’aime bien.
I love you life.

 

Fred contemple les étoiles.

 

-        Fred- Luna, il y a combien d’étoiles dans la nuit ?
Fred ne dis pas cette phrase en Anglais.

 

-        Luna- Compte les étoiles en Anglais.
traduction.
Account of the stars in english
.

 

-        Fred- Un ! deux ! trois ! quatre !
One, two, three, four !

 

Luna et Fred se couchent  sous les couvertures .

 

-        Dis-Luna, tu trouves que je parle bien Anglais ?

-        Tu discutes en petit Chinois mais ce n’est pas grave !

-        Bonne nuit dit Fred vexée par la réflexion de Luna. Elle se retourne de l’autre côté. 

-        Fredou, ne le prend pas mal ! c’est la vérité, tu ne parles pas  correctement Anglais.

-        Toute la vérité n’est pas bonne à dire ! En fait, tu ne veux pas que je parte au Etats-Unis parce que je suis nulle en Anglais.

-        Mais non ce n’est pas ça ! Je vais trouver une solution.

-        Laquelle ?

-        Je vais parler avec des amis.

-        Oui. En fait, tu te moques de moi. Ne me dit pas le contraire, je t’entends rire.

-        C’est vrai, ça me fait sourire que tu ne saches pas parler Anglais. Tu veux que je t’apprenne à parler la langue.

-        Tu veux jouer au professeur avec moi.

-        Pourquoi pas. Il ne faut pas désespérer, tu apprendras vite.

-        Non ! ça me dit rien que tu sois mon professeur.

-        Fredou !

-        Fredou, elle va dormir voilà.

-        Mais ne le prend pas mal !

-        Comment tu veux que je le prenne bien. Tu me sous-estimes. Et puis laisse-moi ! Je suis fatiguée.

-        Je sais que tu n’as pas envie de dormir. Ecoute-moi. Allez retourne-toi s’il te plait. Tu es jalouse parce que je connais mieux l’Anglais que toi.

-        Tu me fatigues ! Allez dors Luna ! Fais de beaux rêves !

-        Tu es jalouse ?

-        Je m’y attendais quelque part que tu saches mieux parler l’Anglais que moi. Ce n’est pas le problème. Je suis nulle en Anglais et maintenant, tu  me  laisseras plus partir au Etats-Unis rejoindre mes parents  c’est ça qui me fait de la peine.

-        Tu vas aller à San-Francisco, je te le promets mais il faut que j’en parle autour de moi. Je ne te laisserai pas partir toute seule.

 

Fred- Bonne nuit Luna.
traduction . Good night Luna.

 

-        Fredou !

-        Il n’y a plus de Fredou ! Il n’y a plus personne !

-        J’aime bien quand tu te fâches contre moi !

-        Tu ne peux pas me foutre la paix s’il te plaît, j’aimerais bien dormir.

-        Tchao ! A demain.

Fred a reçu comme un coup de massue sur la tête par Luna parce qu’elle maîtrisait bien l’Anglais. Elle n’en revenait pas. Elle se raconta au fond de son cœur qu’elle se vengerait de Luna demain.

Le lendemain matin.

Fred s’étire dans tous les sens pour se réveiller. Luna est déjà levée depuis une heure. Elle a préparé le petit déjeuner pour Fred avec soins. Elle avait acheté des croissants et des pains au chocolats  à la boulangerie et pris une thermos de café dans ses affaires avant de partir au hangar avec Fred.

Luna- As-tu passé une bonne nuit ?
traduction.
Hast thou spent a good night ?

 

-        Qu’est ce-que tu dis ?

-        Je te demande si tu as rêvé que tu parlais Anglais ?

-        Et toi, ça t’arrive de parler en Javanais ?

-        Tu es encore en colère contre moi ?

-        Non ! ça va mieux !

-        J’ai rendez-vous ce matin avec Sacha à 11 Heures. On va ranger ta chambre au Select.

-        J’aimerais vous donner un coup de main, comme ça j’affronterai un peu mieux mes angoisses. Elles disparaîtront petit à petit.

-        C’est une bonne idée.

-        Je compte acheter des étagères avec Nathan et Jonas. Je vais essayer de les convaincre. Je pense qu’on ira dans la journée.

-        Et comment, tu vas les transporter. Vous n’avez pas de voiture.

-        Je vais louer une camionnette, ça doit bien se trouver ?

-        Je ne pense pas que tu sais conduire une voiture.

-        Je plaisante ! Ne t’inquiète pas pour ça, je vais demander à quelqu’un !

-        A qui ?

-        Tu veux tout savoir ! c’est désespérant ! un peu d’intimité tout de même !

-        Ok ! je te laisse ! Je vais ranger les affaires.

Luna et Fred s’en vont sur le chemin du retour. Tout à coup, Fred se met à avoir un brin de folie et elle sème Luna en courant. « Fredou ! Attends-moi ! » crie Luna de toutes ses forces. « Fredou ! Fredou ! » et l’écho lui répondet « Fellou ! Fellou ! ». Elle est très intriguée par cette voix qui lui répond. Puis elle marche le plus rapidement possible pour retrouver son amie. On entend ses pas qui raisonnent dans les feuilles.

Fred s’allonge sur le chemin en ne faisant aucun bruit. Elle a les bras et les jambes écartées. On entend que son cœur à l’intérieur de son corps. Elle respire lentement pour essayer de rester calme. Tout à coup, elle reconnait les pas de Luna qui s’approche de plus en plus près. Elle change de position et crie à son tour « J’ai une crampe ! J’ai une crampe !, je ne peux plus me relever, Luna viens me chercher »

Luna regarde Fred allongée par terre et prend peur.

-        Fred, tu es tombée ?

-        J’ai couru trop vite et je n’ai pas vu qu’il y avait une pierre devant moi. J’ai mal ! J’ai une crampe !

-        Où ça ?

-        Au mollet, j’en peux plus ! J’ai trop mal ! Fais quelque chose Luna !

Luna est embarrassée de voir Fred dans cet état.

-        Tu ne pourrais pas te mettre debout.

-        Non ! Je ne peux pas.

-        Attends ! je vais t’aider ! Accroche-toi à mes mains ! Je vais essayer de te relever !

 

Et badaboum !

Luna est très ennuyée et ne sait pas trop quoi faire pour aider Fred qui se tord de douleur. Elle essaye de téléphoner à Sacha mais son portable ne passe pas. Elle se sent mal. Luna regarde dans son sac à dos s’il y a de la pommade pour masser les jambes de Fred mais manque de chance, il n’y en a pas. C’est vrai se dit-elle au fond, je ne pensais pas qu’il pouvait y avoir un accident un jour. Elle prend conscience de l’état de Fred.

-        Fred ! On ne pas passer la journée ici.
-   Je sais ! mais j’ai trop mal ! c’est atroce cette douleur. J’ai comme des fourmis qui sont en train de me bouffer les jambes.

 

Luna masse les jambes de Fred avec ses propres mains.

 

-        Continue, ça me fait un bien fou.

-        Tu rigoles ?

-        Tu me chatouille un peu, c’est pour ça.

-        Je ne savais pas que tu étais chatouilleuse.

Soudain Fred éclate de rire.

-        Arrête Luna ! Tu me chatouilles trop !

-        Mais pourquoi, tu as la bougeotte tout à coup, je ne comprends pas.

Fred se releva d’un coup.

-        Tu n’as plus mal !

-        Je n’ai jamais eu de crampe Luna.

-        Quoi !

-        Je n’ai jamais rien eu de tout !

-        Alors pourquoi tu m’as fait tout ce cirque !

-        Je voulais juste te donner un gage !

-        Mais tu es con ! Moi, j’ai cru que tu avais vraiment mal !

Luna frappe l’épaule de Fred d’une façon énergique.

-        Allez ! on y va maintenant ! on a assez perdu de temps !

-        Cool  Luna !

-        Fredou, tu ne me fais plus jamais ce plan car cela m’a fait trop flipper !

-        D’accord ! on oublie tout ! ça fait un partout !

Luna et Fred arrivent au Select en retard.

Dans l’après-midi, Fred balaie les débris de sa chambre puis tout à coup, elle se met à parler toute seule en faisant du SLAM comme Grand Corps Malade.

« J’ai mon cœur qui s’en va en vrille et c’est pour ça que je balaye jours et nuits. Bientôt, je prendrai le train de la vie pour aller aux Etats-Unis. Je m’en veux de te laisser seule Luna. J’écouterai le son de tes sanglots qui raisonneront pendant très longtemps au fond de moi. Je ne veux plus partir. Je ne sais plus où j’en suis. J’ai la poisse. J’ai mon cœur qui part en vrille. En réalité, mes parents, je ne les connais plus. Ils m’ont abandonnée. J’ai que des idées noires dans ma tête. C’est pour ça que je balaye pour les chasser. Je balaye la poussière de ma vie. Je balaye de plus en plus parce que ça ne va plus. Tu vas me manquer. Luna, je ne balayerai  jamais aucunes de tes lumières. Je veux que tu restes avec moi. On partira ensemble et comme ça, j’aurai moins de scrupules. J’ai trop mal dans ma vie aujourd’hui. Je n’en peux plus. Adieux San-Francisco, La Californie. J’ai trop peur d’aller retrouver mes parents. « J’ai trop mal ! A secours ! » Fred s’énerve de plus en plus en parlant très fort et en s’amusant avec le balai. La porte s’ouvre lentement. Elle pointe avec ses mains, son balai en direction de cette jeune femme qu’elle ne connaît pas.

-        T’es qui toi ? Oh les mains !

-        Je suis Barbara, tu ne me reconnais pas.

-        Je n’ai pas d’amie avec ce nom-là. Je disais « Allez, foutez-moi la paix. Maman, Papa arrêtez de me persécuter ! »

-        Fred, ça va ?

-        Je ne veux plus vous voir, je fais ma vie maintenant.

-        Tu ne peux pas parler moins fort, je travaille à côté.

-        Non ! Allez-vous-en ! Je vais exploser ! J’en peux plus !

-        Il n’y a pas que toi qui a des problèmes.

-        Ils vont me tuer ! Je suis dans le brouillard !

-        Fred mais qu’est-ce que tu as ? Je ne t’ai jamais vu dans cet état-là.

-        Je vais balayer et j’espère comme ça que mes parents ne viendront plus dans ma tête.

-        J’en ai marre de faire la conversation toute seule, tu m’entends ?

-        Mais qu’est-ce que tu me veux toi ?

-        J’ai besoin de calme. Je dois travailler pour mes cours. Tu ne pourrais pas baisser d’un ton s’il te plaît.

-        Je suis désemparée.

-        Je vois.

-        Non ! tu ne me comprends pas. Je vous dis que j’ai une amie, elle s’appelle Luna et je veux rester auprès d’elle.

Barbara essaie de communiquer avec Fred mais elle n’y arrive pas. Elle essaie de s’approcher de Freddie pour la consoler. Fred la rejette vivement.

-        Ne me touche pas.

-        Je suis désolée de t’avoir dérangée, je m’en vais.

-        Non ! reste sinon mes démons vont me reprendre.

-        D’accord mais tu ne me cries plus dessus.

-        Tu fais des études ?

-        Oui, je dois passer mon BAC PRO en cuisine demain.

-        Tu en as de la chance d’avoir ton BAC et après, j’en suis sûre que tu vas aller à la FAC.

-        Ce n’est pas les diplômes qui comptent le plus, c’est qu’on a dans le cœur.

-        J’aurai bien aimé d’avoir un BAC littéraire. J’aurais fait du théâtre toute ma vie mais je ne peux pas à cause de cette putain de différence qui me colle à la peau.

-        Tout le monde est différent.

-        Arrête de me faire la morale, tu m’énerves ! Va-t’en ! Je ne t’ai pas demandé de rentrer dans ma chambre !

Fred parle de plus en plus fort.  Mirta, Sacha et Luna montent le plus vite possible pour voir ce qui se passe dans la chambre de Fred.

-        Fredou, il fallait nous attendre pour faire le ménage dans ta chambre. Calme-toi.

 

Luna prend Fredou dans ses bras et essaie de la calmer.

 

Pendant ce temps, Mirta parle avec Barbara.

 

-        C’est une vraie sauvage ma parole ! Je n’ai jamais vu ça !

-        Que c’est-t-il passé Barbara ?

-        Rien.

-        Il c’est bien passé quelque chose entre toi et Fred.

-        Elle hurlait très fort alors je suis allée dans sa chambre pour voir si elle allait bien, c’est tout.

-        Fred n’a pas beaucoup d’amies dans le quartier, elle se sent seule. Tu ne pourrais pas lui tendre la main.

-        Elle m’a rejetée et je n’ai aucune envie d’être son amie.

-        C’est un acte maladroit, c’est tout. Tu ne fais jamais de bêtise.

-        Si… bien sûr.

-        Tu pourrais lui pardonner.

-        Bon, c’est vrai quand je suis entrée dans sa chambre, elle n’avait pas l’air très bien. J’essayais de lui parler gentiment mais elle ne m’écoutait pas, c’est frustrant.

-        J’aimerai qu’elle ait d’autres amis que Luna. Elle s’accroche un peu trop à elle et cela m’inquiète quelque part.

-        Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ?

-        Je ne sais pas moi. Tu pourrais essayer de la connaître mieux.

Abdel arrive en courant vers Barbara.

-        Fred est fragile en ce moment. Vous pourriez être un peu indulgent avec elle.

-        On va essayer d’être compréhensif avec elle. Si Fred veut parler avec nous, elle a cas frapper à notre porte et on l’ouvrira. Il n’y a pas de problème avec elle dit Abdel.

-        C’est vrai, ça peut arriver à tout le monde de péter un câble.

-        Ca te dit d’aller au cinéma ce soir dit Abdel à Barbara.

-        Oui. Tout me convient pourvu que je sois avec toi.

Barbara et Abdel sortent faire un tour dehors.

Mirta s’en va aussi car elle a un rendez-vous important avec le Père Mathieu à la paroisse cet-après midi.

Pendant ce temps, Sacha, Luna et Fred nettoient la chambre de fond en comble. Après avoir balayé, Fred passe l’aspirateur. Luna et Sacha rangent les livres, les objets qui étaient sur l’étagère sur le lit.

Le lendemain, Sacha, Jonas et Fred vont acheter une grande étagère et de la peinture.

Ensuite, ils posent les cartons dans la piaule et se mettent à travailler dur. Ils construisent l’étagère en suivant un plan assez difficile car il faut la monter à la main.  Luna arrive :

-        Qu’est-ce que vous faites ?   Vous n’avez pas trouvé l’étagère ?

-        Si… On est en train de la construire dit Sacha.

-        Je croyais que c’était une étagère pas trop grande qu’il fallait monter juste dans les escaliers puis c’est tout.

-        Aujourd’hui, ce n’est plus comme ça.

-        Ca serait trop facile.

-        Il faut juste être bricolo et patient. C’est comme un puzzle qu’on doit monter petit à petit.

-        Vous voulez que je vous aide ?

-        Pour l’instant ta présence n’est pas nécessaire.

-        Et en plus ça risque de t’énerver. Je ne te vois pas faire du travail manuel.

-        Nathan n’est pas avec vous ?

-        Non… Monsieur dort !

-        Je vais aller le réveiller.

Sans faire exprès,  Luna trébuche sur le gros pot de peinture et manque de tomber.

-        Aille mon pied !

-        Tu ne vois pas que tu nous déranges un peu là dit Sacha.

-        Tu t’es fait mal ?

-        Non ça va aller !

-        Vous avez acheté de la peinture !

-        Les étagères sont blanches alors on va les faire briller.

-        Bon, je vous laisse adieux les bricolos !

Luna va réveiller Nathan et pour bien se faire apprécier par les travailleurs, elle décide de faire à manger pour eux mais pas pour Nathan qui est furax.  Il claque la porte de chez-lui car il s’est disputé avec Luna.  Il revient pour midi pour manger avec Sacha, Jonas et Fred. Luna le fout à la porte direct.

-        Tu n’as pas le droit de me foutre à la porte de chez-moi.

-        Tu reviendras cet après-midi chez toi.

-        Mais qu’est-ce que vous avez tous les deux ?

-        Il n’a pas travaillé.

Il ne t’a pas aidé pour faire à manger.

-        Il a fait la grasse matinée.

-        Ce n’est pas aussi grave que ça ! Laisse-le. Il va manger avec nous.

-        Merci Sacha.

-        C’est gentil de nous préparer à manger Luna.

-        Moi aussi, j’apprécie beaucoup dit Jonas.

-        Je vais vous aider cet après-midi.

-        Pour l’instant, on n’a pas trop besoin de toi.

-        C’est cool alors !

Dans l’après-midi, les bricolos se remettent à travailler. Blanche arrive au Select et tombe sur Sacha et Fred qui sont en train de bricoler l’étagère.

-        Bonjour Fred ! Alors on sèche les cours comme ça !

-        Blanche, ça fait tellement longtemps que je ne t’ai pas vue dans le quartier. Qu’est-ce que tu deviens ?

-        Tu me manques beaucoup en ce moment. Sans toi, ce n’est plus pareil à l’école. Quand est-ce que tu vas revenir travailler ? Mathis t’attend avec impatience.

@@@@

-        En ce moment, ce n’est pas la joie. J’ai saccagé ma chambre et je suis obligée de la ranger correctement. On est allé acheter une étagère avec Sacha.

-        Bonjour Monsieur !

-          Sacha, je te présente Blanche, l’institutrice avec qui je travaille à l’école.

-          Je suis le nouveau petit copain de Luna.

-          Luna m’a beaucoup parlé de vous. J’ai appris que tu n’allais pas très bien aussi par des voix mystérieuses.

-          Je parie que c’est Mirta qui t’a beaucoup parlé de moi.

-          Pas seulement.

-          En fait, tu es venu me parler mais je n’ai pas beaucoup de temps à te consacrer. Je dois refaire tout neuf ma chambre.

-          Je comprends.

-          La directrice va me licencier c’est sûr. Maintenant que je ne vais plus en cours, je vais droit dans le mur.

-          En fait, je voudrais t’inviter à la maison pour discuter de ton avenir à l’école. Quand est-ce que tu es libre ?

-          Le week-end seulement.

-          Je t’invite dimanche à midi. Tu pourras venir ?

-          Oui, je viendrai naturellement. Alors à dimanche.

-          Je vais attendre un peu ici parce que je voudrais discuter avec Luna.

-          Tu veux lui parler de moi. Tu sais, je suis une adulte, je peux tout entendre.

-          J’ai des choses personnelles à lui dire et ça n’a rien à voir avec toi.

Luna et Blanche vont discuter ensemble dans sa chambre.

-        Je suis au courant que Fred ne va pas bien en ce moment, c’est pour ça qu’elle ne vient plus à l’école ?

-        On a vécu des moments intenses, inoubliables ces derniers temps ensemble. Elle est vivante, drôle, courageuse. On ne dirait pas qu’elle a eu des problèmes. Elle veut les affronter et c’est ça que j’aime bien chez-elle.

-        Elle m’a énormément manqué à l’école.

-        Au fait, tu as pu la défendre auprès de l’inspecteur ?

-        Tu sais avant que tu ailles la chercher au camping, je t’avais dit que j’avais besoin de son parcours scolaire.

-        J’ai complètement zappé, excuse-moi Blanche. J’étais très émue de la retrouver et ça m’a échappé de la tête.

-        C’est normal. Tu as dû vivre quelque chose de très fort avec elle. J’imagine que les retrouvailles avec Fred ça a dû être quelque chose de très émouvant pour toi.

-        Elle était très contente de me retrouver.

-        Et toi, tu vas bien ? Je te trouve un peu perdue dans tes pensées.

-        Oui mais enfin, ça pourrait aller mieux.

-        Tu m’inquiètes là. Qu’est-ce qui t’arrive ?

-        Fred ne va pas très bien en ce moment. Ses parents lui manquent beaucoup et elle a envie d’aller les rejoindre.

-        Quelque part, on a tous besoin de ses parents. Quand on les a à côté de nous, on les critique mais quand ils ne sont pas là, on rêve de les avoir pour toujours. C’est normal que Fred ait envie d’aller les rejoindre mais cela n’enlèvera rien à votre amitié.

-        C’est vrai ce que tu dis mais je suis triste quand même.

-        Tu as un vrai coup de blues ! Tu ne veux pas faire une petite soirée entre filles, ce soir.

-        J’ai envie d’être avec Fred.

-        Tu ne peux pas la laisser cinq minutes ! Allez viens, je t’emmène au restaurant ! ça te changera les idées !

-        Je ne veux pas sortir Blanche, j’en ai marre !

-        Tu ne discutes pas, je t’emmène avec moi, ensuite on ira en boîte et on dansera jusqu’au bout de la nuit.

-        Je n’ai pas le moral.

Luna craque en sanglot dans les bras de Blanche qui la console.

-        Luna, vous avez juste besoin de faire un break avec Fred et cela vous fera du bien à toutes les deux. Elle reviendra vers toi. J’en suis certaine et après, tu verras votre amitié sera de plus en plus forte. Allez va te préparer.

Luna et Blanche sortent pour faire la fiesta dehors.

Le lendemain matin. Fred installe les papiers journaux par terre et se lance dans la peinture. Elle peint en jaune son étagère. Rudy vient la voir en faisant du sport et lui propose de faire un footing avec lui.

-        Fred, tu peindras ta chambre après, tu as tout ton temps.

-        Non ! justement, je n’ai pas le temps. Luna me surveille !

-        Mais tu t’en fou ! Allez viens ! Il faut te remette au sport !

-        Mais ça ne peut pas attendre demain !

-        Allez fais-moi plaisir ! viens avec moi s’il te plait !

-        Bon ok ! Après, tu me promets, tu me laisses peindre mon étagère !

-        Promis ! juré !

Fred se lave les mains au lavabo et se met vite fait ses affaires de sports. Rudy et Fred courent dans le parc Borély. Fred est heureuse en ce moment avec les mistraliens. Ils lui remontent le moral. Ils savent que ces derniers temps, elle n’allait pas très bien et aussi qu’elle veut rejoindre ses parents. Ce n’est plus un secret entre Luna et Fred. Les Mistraliens ont entendu une conversation entre elles et cela les a turlupiné.  Ils lui montrent une certaine amitié. Tout a l’air de bien se passer.

Dans l’après-midi, Fred se remet à peindre son étagère. Une fois que tout cela est terminé, elle va chercher Luna et lui montre la chambre.

-        C’est super ! Tu as tout fini ! Tu n’as pas mis beaucoup de temps pour peindre.

-        J’ai mis deux jours et demi, c’est énorme !

-        Mais tout est en jaune ma parole !

-        Ca ne te plait pas !

-        Ca fait un peu curieux !

-        Je sais bien mais au magasin, il  n’y avait que cette couleur !

-        Tu vas la montrer à Sacha !

-        En tous cas pour peindre, il ne m’a pas aidé !

-        C’est un miracle ! Tu n’as pas fait de crise non plus !

-        Ce soir, je pourrai réintégrer ma chambre.

-        Déjà ! Je vais me sentir seule !

-        Je vais ranger mes livres sur l’étagère ! Tu viens m’aider Luna, ça va aller plus vite à deux !

-        D’accord mais à une seule condition.

-        Laquelle ?

-        Dors dans ma chambre encore quelques jours. Donne-toi du temps, il faut mieux que tu ailles progressivement dans ta chambre.

-        D’accord ! Je vais faire attention à ne pas bousculer trop les choses.

Sacha, Jonas et Nathan montent dans la chambre de Fred.

-        C’est magnifique ! Quel beau travail !

 

Le soir, ils invitent Mirta à regarder la chambre de Fred. Ils préparent l’apéro avec des petits fours et du champagne.

-        Vous avez super bien travaillé tous ! C’est vrai, je n’y croyais plus… En fait, je ne sais plus quoi dire ! Merci simplement du fond du cœur d’avoir rebaptisé cette chambre. Elle aura un charme fou !

-        Ca va maman ?

-        Oui. Je suis émue c’est tout.

-        Allez trinquons ensemble pour la nouvelle vie de Fred au Select !

Bouleversée, Mirta embrasse tout le monde tendrement.

Les mistraliens montent tous petit à petit regarder la chambre toute neuve de Fred et ils sont fiers.

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