Au
Parc BORELY
Charlotte mit
un arbre de Noël à l’atelier parce qu’elle trouvait ça un peu plus
joyeux. Elle le décora avec des guirlandes de toutes les couleurs, des
boules bleues, blancs, rouges, argentées. Elle avait acheté des pères
Noël de toutes sortes. Du plus gros au plus petit. Il y avait ceux qui
donnaient l’impression de sourire et d’autres qui faisaient de drôles
de grimaces. Il y avait ceux qui jouaient de la musique comme une fanfare
et ceux qui chantaient à tue-tête. Elle avait une belle galaxie de pères
Noël. Charlotte avait refait
sa boutique d’une façon un peu originale. Sur le mur, elle avait fait
installer des peintures de Pablo
PICASSO, Vincent VAN GOGH, Léonard
de VINCI etc. Quand on
entrait, on avait l’impression qu’on était dans une forteresse. Charlotte était
toute seule mais elle ne s’ennuyait pas pour autant. Elle avait
tellement d’imagination qu’elle se racontait des histoires. Il y avait
aussi des marionnettes qui faisaient rire les enfants. Le soir,
quand elle fermait la boutique, elle lisait beaucoup et avait entrepris
d’écrire une histoire fantastique. Elle s’était
retirée pendant un certain temps du Mistral pour construire ce royaume
resplendissant. Ces temps-ci,
il y eu quelques visiteurs et tous ont été étonnés de ce changement
radical de l’atelier. Luna ouvrit
la porte de l’atelier et elle n’y comprenait plus rien parce que tout
avait changé. Luna se demanda si elle ne s’était pas trompé
d’endroit. Elle fut très surprise. Luna appela Charlotte d’une voix
assez forte : -
Charlotte,
tu es là ? -
Attendez une
minute, je finis quelque chose et j’arrive toute suite. Etonnée,
Luna explora l’atelier et eu une sensation un peu étrange. -
Bonjour
Luna, tu veux quelque chose. -
Non !
rien de particulier. J’aurai voulu passer du bon temps avec toi, c’est
tout mais si tu n’as pas trop envie, je peux repartir. -
Ca me fait
trop plaisir de te revoir, reste. -
Je suis
impressionnée. Tu peux m’expliquer pourquoi tu as fait ce changement à
l’atelier ? -
Ca te plaît ? -
Tu te
retrouves dans tout ça ? -
C’est
juste une question de temps, tu verras, tu finiras par t’y faire. -
Je ne veux
pas te vexer mais tu n’as pas peur de te faire cambrioler ? -
Il faut bien
prendre des risques dans la vie sinon on ne fait plus rien. Pour la nuit,
j’ai fait mettre une alarme. -
Le jour
aussi, on peut te voler. -
Ca ne risque
rien. A l’intérieur, il y a des caméras cachées partout. Et j’ai
aussi un garde du corps, Virgile. -
Ca fait
longtemps qu’on ne s’est pas vu, qu’est-ce que tu deviens ? -
Ca va bien.
Je suis très contente d’avoir refait l’atelier. Ca va mettre du
piment au cœur des Mistraliens. -
Tu crois ? -
J’espère
qu’ils viendront plus me rendre visite maintenant. Tu es toujours avec
Sacha ? -
Je
m’entends très bien avec lui. Merci. -
Tu es
toujours amie avec Fred ? Je suis assez surprise de te voir sans
elle. -
Elle vole
plus de ses propres ailes, elle a moins besoin de moi. -
Et ça te
fais mal au cœur. -
Pas du tout.
Au contraire, ça me fait plaisir qu’elle soit plus autonome. -
Je ne sais
pas si Fred est vraiment autonome. Elle est venue me voir dans la semaine
pour que je fasse des ourlets à ses pantalons. -
Charlotte,
tout le monde ne sait pas coudre comme toi. Moi non plus, je ne sais pas
tellement bien faire. Je m’y prends comme un manche. Je me souviens une
fois, j’avais essayé de faire un ourlet à un pantalon pour Rudy. -
Je me
rappelle, il y avait une jambe beaucoup plus courte que l’autre. -
C’était
marrant ! Fred est
autonome que tu le veuilles ou non. -
Elle est
quand même un peu handicapée. -
Fred n’est
pas handicapée. -
Elle est
différente de nous, tu ne peux pas dire le contraire. -
Elle n’est
pas aussi différente de nous. Charlotte, je te reconnais plus avant tu me
parlais pas comme ça de Fred. -
Je ne t’ai
pas dit que je ne l’aimais pas. Je veux dire simplement qu’elle a plus
de difficultés que nous à vivre dans la société. Si tu n’étais pas
à côté d’elle, je ne suis pas sûre que Fred pourrait se débrouiller
toute seule. -
De toute
manière personne ne peut vivre bien sans amitié, qu’on ait une jambe
cassée ou pas, je ne vois pas la différence. -
Oui, je suis
à moitié d’accord avec toi. Ces temps-ci, tu m’as laissée tomber
bravo pour ton amitié. -
Tu es gonflée
de me dire ça, c’est toi qui es partie sans un mot, je te signale pour
aller où ? à Tataouine ! En ce moment
là, Jean-Baptiste et Juliette entrent dans la boutique et ils regardent
cette belle décoration. -
Ne t’énerve
pas ! -
Tu m’énerves
et puis si tu veux savoir je n’étais pas avec Fred ses temps-ci ?
Je passe plus mon temps avec Sacha. Charlotte
regarde dans son sac à main et prend les billets d’avion pour Fred. -
Ces
temps-ci, je suis partie en Amérique et c’est de là-bas que j’ai
ramené tous ces objets, les tableaux pour décorer la boutique. -
Je ne vois
pas où tu veux en venir. -
Tu vois, ces
billets, c’est pour Fred. -
J’avoue je
ne comprends pas. -
Tu n’as
pas une petite idée. -
Charlotte,
tu ne vas pas me dire que ces billets, c’est pour que Fred
aille rejoindre ses parents. -
Je lui
remettrai en main propre le jour où elle se décidera à partir. -
Je ne la
vois pas partir toute seule, elle ne connaît pas un seul mot d’anglais.
-
Toi aussi,
tu doutes qu’elle soit autonome. -
Moi, même
si je ne connaissais pas l’Anglais, je partirais quand même à
l’aventure. -
Tu
m’agaces Charlotte, tu ne peux pas me rendre ce service. -
Elle aurait
pu venir m’en parler elle-même, ca serait une preuve d’autonomie. -
Fred a un
chien et elle doit s’en occuper. -
Ce n’est
pas une excuse. -
Bon !
d’accord, elle n’est pas autonome. Elle n’osera pas te demander de
l’aide. Elle a honte de ne pas savoir l’Anglais. -
Je ne vois
pas pourquoi. -
Tu ne veux
pas me rendre service, c’est ça ? -
Tu es drôle,
je ne suis pas une magicienne non plus ! Enervée
par les taquineries de Charlotte, Luna décide de partir mais
Jean-Baptiste l’empêche de s’en aller. -
Je suis désolé
mais j’ai entendu votre petite conversation. Il paraît que Fred va
partir en Amérique et cela vous inquiète beaucoup. -
C'est-à-dire,
elle ne connaît pas un seul mot d’Anglais. -
Je vais
partir aussi à New-York rejoindre mes parents et ça ne m’ennuie pas de
voyager avec Fred, au contraire ça me fera plaisir. Je compte partir
d’ici un mois. -
Ca vous fait
vraiment plaisir ? -
Oui pourquoi
ça vous étonne que je m’intéresse à elle. -
C’est très
gentil de votre part. -
Il faudrait
qu’elle me contacte aussi. -
Merci. Je
vais prévenir Fred, je crois que ça lui fera plaisir. -
A plus tard. Luna
arrive dans sa chambre au Select et s’aperçois qu’elle est fermée a
double tour. -
Fredou
ouvre-moi. C’est Luna. J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer. Luna
appela Fred sur son portable et cela réveille Fredou qui dormait avec
Bobby sur le lit. Endormie, elle cherche son portable mais elle ne le
trouve pas vite. Puis, elle le trouve dans la poche de sa veste. -
Allo ! -
Fred
qu’est-ce qui t’est arrivé ? Ca fait une heure que je frappe à
la porte. -
Excuse-moi.
Je n’ai rien entendu. J’étais en train de dormir. -
Ouvre-moi la
porte. Fred
ouvre la porte à Luna. Surprise, Luna regarda les blessures de Fred sur
son visage. -
Tu t’es
blessée ? -
-
Que sait-il
passé ? -
-
Pourquoi
as-tu des blessures sur ton visage ? -
C’est
rien. Ca va passé tout seul. -
Tu ne peux
rester comme ça. Il faut aller voir un médecin. -
C’est
rien. Laisse-moi tranquille. -
Je ne t’ai
jamais vu dans cet état là. Il sait bien passé quelque chose.
Parle-moi. -
Je suis tombée
parterre. C’est tout. -
Je ne te
crois pas. Tu ne me dis pas la vérité. -
J’ai loupé
une marche dans un escalier, ça arrive non ! -
C’est
bizarre que tu puisses tomber comme ça. Un vieux peut-être peut s’écrouler
par terre mais pas toi. -
Il ne faut
pas dire ça, ça peut arriver aux jeunes un accident. -
Tu es allée
où te balader ? -
Au parc
BORELY. -
Il n’y a
pas d’escalier au parc BORELY. -
-
Je ne crois
pas que ça soit un accident. On t’a agressé, c’est ça et tu ne veux
pas me le dire. -
Il y avait
une dame sur un banc qui m’a vue arriver avec Bobby et elle m’a dit Les
mongoliens, ils ne peuvent pas se balader tranquille, ils doivent rester
chez-eux enfermés. -
Elle est
carrément tarée celle là ! Il ne faut pas écouter ce genre
d’insulte Fred. C’est elle qui mérite d’aller dans un hôpital
psychiatrique. -
Je sais mais
cela m’a complètement surprise. J’avoue cela m’a fait quelque
chose. -
Et tu lui as
répondu ? -
J’ai passé
ma route c’est tout sans même la regarder. -
Remarque, je
ne sais pas comment j’aurais réagi à ta place. Je suis émue
d’apprendre cela. -
Un peu plus
loin, je suis tombée sur des jeunes balaises et qui avaient sur le corps
d’énormes tatouages qui faisaient peur du genre la France aux Français,
les immigrés dehors, les mongoliens têtes de lards ! Ensuite, ils
m’ont sauté de dessus en m’insultant et ils m’ont rouée de coups.
Ils étaient quatre au moins contre moi. Je ne pouvais rien faire. -
Et pourquoi,
ils t’on battu comme ça ? -
Ils ont
senti que j’avais un peu comme une faiblesse. -
Une différence
ce n’est pas une faiblesse, Fredou, c’est une richesse. -
Je
me sens tellement nulle. Heureusement que Bobby était avec moi. Il m’a
défendu en aboyant beaucoup pour alerter les passants qui se promenaient
dans le parc. -
Et personne
d’autre n’est venu vers toi ? -
Je n’ai
rien vu mais il me semble qu’il y avait quelqu’un parce qu’après
ils m’ont laissé seule et ils sont parti vite fait en courant. -
Tu t’es
relevée assez difficilement et la personne qui était là ne t’a pas
aidée, c’est ça ? -
Un jeune garçon
est venu vers moi et m’a demandé si j’allais bien. Je ne pouvais pas
lui mentir, il a bien vu mes blessures sur le visage et a été très
scandalisé. -
Et
qu’est-ce qu’il a fait ? -
Il voulait téléphoner
à sa mère qui est médecin et j’ai refusé qu’il m’aide. -
Mais
pourquoi ? Ca partait d’un bon sentiment de sa part. -
J’étais
choquée et fatiguée. J’ai préféré aller me reposer. Je sais,
c’est idiot ! -
Tu connais
son nom ? -
Il
s’appelle Valentin. Il m’a sauvé la vie. C’est moi qui n’ai pas
été très bien avec lui. Je m’en veux. -
Tu ne peux
pas rester dans cet état. Je suppose que tu n’as pas osé lui demander
son numéro de téléphone. -
Il m’a
passé son numéro de portable. Je vais l’appeler, ne t’inquiète pas. Fred
téléphone à Valentin qui lui dit que sa mère va bientôt arriver au Sélect. Babeth
ausculte Fred. Elle s’aperçoit que Fredou a des hématomes sur le
visage et un peu partout sur le corps. Elle décide d’emmener Fred à
l’hôpital pour lui faire des examens médicaux en urgence. -
Ils t’on
bien amochée dit Babeth à Fred. -
Ils m’ont
transformée en vampire dit Fred sur un ton un peu amusé. -
C’est bien
que tu fasses un peu d’humour au moins ça prouve que tu aimes bien
rire. -
C’est que
ça n’est vraiment pas triste la vie avec Fredou. -
Ca fait
longtemps que vous connaissez Fred. -
Ca fait un
bail oui. Fred
essaye de se lever de son lit. -
Reste couchée.
L’ambulance va bientôt venir te chercher. -
Je vais
aller à l’abattoir, on va me zigouiller vite fait. -
Ne dis pas
de bêtise. Repose-toi. -
Je vais
mourir. -
Mais non !
on va tout faire pour te soigner. -
Tu veux que
je t’accompagne à l’hôpital, tu seras peut-être plus rassurée. -
Je ne préfère
pas. Pour une fois laisse-moi être adulte. -
Fred est
trisomique dit Luna à Babeth d’une façon un peu mal à aise. -
Ne vous
inquiétez pas. Ca va bien se passer. Je tiendrai compte de sa différence. -
Luna, je préfère
que tu prennes soins de Bobby. -
D’accord
chef ! A ce moment, Mirta entre dans la chambre et regarde le visage
de Fred couvert de coups et semble être apeurée et demande des
explications. -
Je me suis
fait agressée par des voyous. -
Il faudrait
porter plainte à la police. -
Je serais
incapable de reconnaître mes agresseurs, ca ne vaut vraiment pas la peine
mais c’est gentil de te soucier de moi. Tu vas me gronder parce que
j’ai osé emmener Bobby à l’hôtel. -
Ce soir, je
n’ai pas envie de te disputer. Je suis très choquée d’apprendre que
tu as subi une agression. Tu
vois, je ne suis pas aussi méchante que ça. Les
infirmiers arrivent à toute vitesse et attachent Fred dans une civière. Sur
la place du Mistral, c’est l’affolement, les mistraliens arrivent par
milliers près de l’ambulance même que les infirmiers ont du mal à
passer avec la civière. L’ambulance
démarre en direction de l’hôpital et Luna a les larmes aux yeux. Dans
quelques heures, c’est la veillée de Noël et Luna n’a pas le cœur
à faire la fête. Elle décide de marcher dans la nuit étoilée avec
Bobby. Son portable sonne plusieurs fois mais elle n’a pas la force de
le prendre. Puis elle rentre au Select et retombe sur Mirta qui était en
train de donner à boire et à manger à Bobby. -
Qu’est-ce
que tu fais là ? -
-
Tu ne fêtes
pas Noël avec les autres ? -
Il est tard.
Tout le monde est reparti se coucher.
J’avais juste envie de papoter avec toi. -
Je ne sais
pas si j’ai envie de parler. -
Je sais que
tu as le cœur brisé. Je sais que ça t’as fait un choc de voir Fred
dans un sale état.
-
Je n’avais
pas trop envie de fêter Noël. Tu ne m’en veux pas ? -
Bien sûr
que Non. D’ailleurs, tout le monde à compris pourquoi, tu n’avais pas
envie de fêter Noël avec nous. -
J’aurais dû
venir. Je ne sais pas ce que va penser Rudy de moi. Je suis une mauvaise mère.
Je ne suis même pas capable de fêter Noël avec mon fils. -
Il a préféré
fêter le réveillon avec Ninon. IL passera demain te voir. Tu sais
l’agression de Fred a laissé un gout amer aux Mistraliens. On n’a pas
arrêté de parler de ça tout le temps. -
Ca vous a
chamboulé le cœur ? -
Plutôt oui ! -
Je suis épuisée. -
Il y a
quelque chose qui me chagrine. -
Quoi ? -
Fred a
besoin de toi Luna. Pourquoi, tu n’es pas montée dans l’ambulance
avec elle ? -
Je ne vais
pas me déguiser en garde malade et puis je pense surtout qu’elle va
essayer de dormir. -
Ce n’est
pas complètement faux ! -
J’irai la
voir demain. -
Ok mais
n’oublie surtout pas me donner des nouvelles. Luna se
couche sur son lit avec beaucoup de tristesse et Bobby la console. Ils
s’endorment jusqu’au petit matin. Le lendemain.
C’est Noël ! Il neige sur
Marseille à gros flocon. Les Mistraliens s’aperçoivent que la place du
Mistral est couverte de neige. C’est un peu du jamais vu. D’habitude,
la pluie est au rendez-vous quand il fait sombre. La plupart du temps, le
soleil fait son apparition très vite et on transpire à grosses gouttes
dans l’après-midi. Courageux, Thomas ouvre le bistrot du quartier comme
chaque matin. Il allume la radio. Il écoute le journal de 8 heures. Il
apprend que les bus, les trams, les voitures ne peuvent pas circuler car
il est tombé tellement de neige que les routes sont bloquées. Les gens
sont condamnés à rester chez-eux à cause du froid qui s’abat sur
Marseille. A la radio, on apprend aussi que la tempête de neige n’est
pas prête de s’arrêter. Il va tomber des flocons de neige pendant une
semaine ou plus. Certains magasins vont fermer et les Marseillais auront
du mal à se ravitailler. Vont-ils mourir de froid ? De faim ? Ils seront
obligés de s’entraider entre voisins. Aux informations de 9 heures, la
météo annonce que le temps ne va pas trop s’améliorer. Cela va plutôt
empirer les jours suivants et ça va être la panique la plus complète.
Tout s’arrête de fonctionner normalement. Il a eu aussi une panne d’électricité
qui a duré au moins 30 minutes. Maintenant, tout est revenu à la
normale. Il n’y a pas grand monde qui se promène dehors. Vers 10
heures, le soleil perce son nez un peu et les Marseillais espèrent que la
neige va s’arrêter de tomber. Luna se lève
et va au bar prendre un petit déjeuner. -
Tu es
la première cliente à venir au bar lui dit Thomas. -
Cet après-midi,
je vais aller voir Fred à l’hôpital. -
Tu ne
pourras pas aller la voir aujourd’hui. Tout est bloqué. Les
chasse-neiges n’ont pas encore dégagé les
routes dans Marseille. -
Fred a oublié
ces affaires au Select. Au non ! C’est la catastrophe en ce moment.
Il faut à tout prix que je
lui emmène ces habits. -
Je comprends
mais à mon avis, tu es condamnée à rester ici. -
Tu crois
qu’il va reneiger ? -
Il y a bien
des chances oui. Luna
téléphone à l’hôpital pour prendre des nouvelles de Fred.
Elle tombe sur Babeth qui la rassure. -
Je vais te
la passer, attends une minute. -
Bonjour,
Luna. -
Tu vas bien ? -
Ca me fait
trop plaisir d’entendre ta voix. -
Je ne vais
pas pouvoir passer te voir à l’hôpital pour t’emmener quelques
habits à cause de la neige. Tu peux t’en passer ? -
Il faudra
bien. Je suis au courant qu’à Marseille, il neige beaucoup. Il paraît
que c’est impressionnant. J’aimerais toucher de la neige entre mes
mains. -
Je viendrai
te voir quand il neigera moins. -
Emmène-moi
de la neige s’il te plait quand tu viendras me voir. -
Ici, il fait
froid ! -
C’est
vrai, moi, j’ai trop chaud !
-
Tu te moques
de moi, si tu n’as pas tes habits, ce n’est pas uniquement de ma
faute. -
Je plaisante !
Tu ne pouvais pas savoir qu’il allait faire froid. -
Je te
promets, je passerai le plus vite possible. -
J’ai un
pull chaud sur moi -
Tu es dans
une chambre seule ? -
Les gens ont
peur des cannibales comme moi alors le monde hospitalier m’a isolée. Je
ne m’ennuie pas, je regarde la neige qui tombe derrière la vitre. -
Je vois que
tu fais de l’humour cela me rassure. Je te passe Thomas, il veut te
parler. -
Je voulais
te dire que je pense bien à toi et qu’il ne faut pas que tu baisses les
bras. -
C’est
gentil. -
On
s’occupe bien de toi à l’Hôpital ? -
Ca peut
aller. Ne t’inquiète pas, je suis bien entourée. -
Je vais te
laisser, tu veux reparler avec
Luna ? -
Non !
ce n’est pas la peine ! Prends-bien soin d’elle. -
Allez,
Salut. Dans
l’après-midi, c’était un peu comme la tourmente. La bise souffla si
fort que cela fit voltiger la neige dans tous les sens. Les Mistraliens
n’avaient jamais vu un temps aussi affreux. Ils étaient si frigorifiés
à cause de cette tempête de neige qu’ils en oublièrent l’agression
de Fred. Le froid les pénétrait au fond de
leur chair. Ils étaient tellement perturbés qu’ils écoutaient
souvent la météo à la radio. C’était le cœur de leurs
conversations. Pour se réchauffer, ils buvaient des tisanes, du chocolat
au lait, des soupes. Thomas et Loïs ont eu une idée. Ils ont rangé les
tables et les chaises au fond près
du mur. Ils ont commencé à faire faire du sport aux mistraliens pour les
réchauffer pendant une bonne heure. C’était
une rigolade comme ce n’est pas possible. Il y avait une ambiance
terrible. Luna aussi de la partie même si elle pensait au fond d’elle-même
à Fredou. Au bout de deux jours, le temps s’améliora petit à petit.
On pouvait recommencer à vivre normalement. Quand les Mistraliens
sortaient dans les rues de Marseille, c’était la gadoue. Les trottoirs
étaient très glissants et il fallait faire attention à ne pas marcher
sur la glace. C’est une épreuve assez difficile. Luna et Sacha marchèrent
dans les rues de Marseille. Ils regardèrent les enfants tout excités en
train de construire des bonhommes de neige. Luna aurait aimé que Fred découvre
Marseille sous la neige. C’est fabuleux. Sacha lui remonta le moral en
lui disant que l’hiver n’était pas fini. Le
lendemain, Luna va voir Fred à l’hôpital. -
Bonjour
Luna. -
Bonjour
Fredou. Comment vas-tu ? -
Tu m’as
trop manqué. -
Toi aussi,
tu m’as manqué. Tiens, je t’ai apporté tes affaires. -
Merci mais
je n’en ai plus vraiment besoin. -
Pourquoi ? -
Je vais
sortir pour le 30 Décembre et je serai avec toi pour passer les fêtes de
fin d’année. -
C’est une
bonne nouvelle ça, je suis trop contente. -
Je vais
pouvoir me faire belle quand tu viendras me chercher le 30 Décembre. Luna
regarda le visage de Fred mais ils y avaient encore quelques blessures.
Babeth entra dans la chambre. -
Fred a
encore besoin de beaucoup de repos. -
Je vais tout
faire pour qu’elle se sente le mieux possible. -
Je vais vous
prescrire une crème pour atténuer ses blessures sur son visage. -
C’est
difficile à mettre ? -
Ne vous
inquiétez pas, Fred sait la mettre toute seule. Je lui ai montré. -
Luna, tu
m’as pris mon portefeuille ? Je vais payer. -
Je vais te
la payer moi-même. -
Ca sera mon
cadeau de Noël en retard, c’est ca ? Luna
resta pour parler un peu plus avec Fred. Fredou lui raconta que ce n’était
pas facile de dormir parce qu’elle pensait toujours à ses agresseurs.
Les premières nuits, elle était encore terrorisée par leurs tortures. -
Je n’arrête
pas de rêver que mes agresseurs sont présents dans ma chambre. Ils me
font aussi des tas d’autres choses compliquées. Je sens toujours
qu’ils sont près de moi. J’essaye de me dire que ce n’est pas vrai
mais j’ai vraiment du mal. Je n’en peux plus Luna. -
Fred, il
faut que tu tiennes le coup. Ne déprime pas. -
Une fois,
j’ai crié de toutes mes forces. Babeth est venue à mon secours. Je lui
ai soutenu fortement qu’ils
y avaient pendant la nuit des gens qui venaient me voir pour m’embêter.
-
C’est
affreux cette histoire, c’est sûr maintenant, ça va être dur de ne
plus y penser du tout. -
Un jour, je
me suis promenée avec Babeth dans le couloir. Elle m’a montré qu’il
n’y avait personne de vraiment méchant avec moi ici. -
Tu
lui as fait confiance ? -
Oui, j’ai
confiance en elle. Je sais bien que c’est dans ma tête tout ça. -
Quand tu
sortiras de l’hôpital, Il faudra peut-être que tu suivre une thérapie. -
C’est toi,
ma psychologue. -
Mais
non ! -
Si !
Babeth m’a laissé du papier et un stylo. J’ai écrit tout ce
qu’il me passait par la tête et maintenant ça va mieux. J’aimerais
pouvoir te lire tout ce que j’ai écrit sur mes agresseurs. -
Ce n’est
pas une bonne idée que tu me prennes pour une psychologue. Je suis juste
ton amie, c’est tout. -
Tu en
connais des psychologues ? -
Non !
mais on pourrait en parler avec Babeth, elle connaît peut-être
quelqu’un. On va la voir pour en parler. -
Si ça te
chante pourquoi pas. Luna
et Fred vont voir Babeth pour lui demander si elle connaît des
psychologues pour aider Fredou à la sortie de l’hôpital. Elle trouve
que cela est une superbe idée. -
Il faudrait
que vous passiez toutes les deux à mon cabinet médical au Mistral pour
que je vous donne le nom d’une psychologue. Je vais repartir travailler
là-bas bientôt. -
C’est à
cause de la neige que vous avez été bloquée ici ? -
Oui et la
Direction nous a donné l’ordre de ne pas affronter le froid et comme ça,
j’ai pu m’occuper de Fred. -
C’est très
sympa. Je vais te laisser Fredou. -
C’est trop
bien que tu sois venue me voir. -
Allez tchao ! Babeth
regarda Fred d’une façon amusante. -
Pourquoi
vous me regardez ? -
Luna, elle
fait partie de ta famille ? -
C’est ma
meilleure amie, pourquoi ? -
Comme ça
pour rien. En
réalité, Babeth avait l’impression de connaître Fred mais elle n’en
était pas vraiment certaine.
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